La santé publique recommande aux 250 personnes ayant participé vendredi à un bingo dans une salle de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie, de surveiller leurs symptômes au courant des prochains jours.
Malgré la pandémie, ces personnes, principalement âgées dans la soixantaine, se sont rassemblées vendredi pour prendre part à l’activité et tenter de remporter un gros lot de plus de 100 000 $.
L’activité a eu lieu «en zone orange» et a rassemblé exactement «240 personnes plus dix employés», a insisté Christian Haché, le président du conseil d’administration du Bingo communautaire HR.
«On a refusé beaucoup de monde», a-t-il noté lors d’une conversation téléphonique avec La Presse Canadienne, assurant avoir suivi à la lettre les règles de la santé publique.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) indique sur le site dédié à la lutte contre la COVID-19 que le nombre de participants à des rassemblements intérieurs et extérieurs doit être d’un maximum de 25 personnes, mais écrit également que l’audience d’un lieu public est limitée à 250 personnes.
Le Secrétariat du bingo, l’organisme qui représente toutes les salles de bingo du Québec, estime pour sa part qu’«encore aujourd’hui» le décret du gouvernement du Québec n’a «pas de limitation» quant au nombre de personnes, pourvu qu’il y ait un maximum de 10 personnes par table et une distance de deux mètres entre chacune d’elles.
Par courriel, le ministère a précisé qu’il considère que «le bingo est une activité de loisir qui se pratique souvent dans une salle et qui ne peut pas être assimilée à une audience, une réunion ou un auditoire».
Par conséquent, en vertu d’un décret publié le 30 septembre, lorsque cette activité est pratiquée dans une salle louée ou une salle communautaire, il peut y avoir un maximum de 25 personnes et les organisateurs auraient dû s’assurer du respect de cette limite, conclut le MSSS.
Le directeur général du Secrétariat du bingo, Eric Castonguay, affirme avoir conseillé aux gestionnaires de salles de limiter leur capacité à 250 personnes pour s’aligner sur une décision qu’a prise Loto-Québec. «On a jugé que c’est raisonnable, a-t-il expliqué. La plupart des frais fixes des salles peuvent être payés à ce nombre-là.»
Était-ce une décision responsable que d’autoriser qu’un grand nombre de personnes se réunissent dans les salles? «S’ils ne vont pas là, ils vont aller à l’église pareil et ils ont le droit à 250 personnes à l’église. Pourquoi être assis pendant une ou deux heures à écouter le sermon de M. le curé s’ils peuvent être assis pendant deux heures à jouer au bingo?»
Loto-Québec
Tant MM. Haché que Castonguay ont confirmé que le bingo de vendredi était fort populaire puisqu’il s’agissait de la dernière session du «bingo en réseau» de Loto-Québec et qu’un gros lot «élevé» de plus de 100 000 $ était en jeu.
L’activité a réuni des participants de 11 salles à travers le Québec, toutes situées en zones orange, jaune ou verte. Il est d’ailleurs probable que d’autres salles aient accueilli jusqu’à 250 personnes, selon M. Castonguay.
Les participants pouvaient retirer leur masque lorsqu’ils étaient assis, mais ils devaient le mettre pour se déplacer dans la salle, a-t-il souligné.
Les gestionnaires ont pris toutes les précautions nécessaires, au point où certains ont même obligé une distance de deux mètres entre chaque personne, «même si Yvon pis Huguette voulaient jouer ensemble et qu’ils couchent dans le même lit».
Et ça se passerait somme toute assez bien. «Des fois, quelques petits rappels à l’ordre. Les gens, après deux ou trois petits avertissements, ils ont très bien collaboré.»
Loto-Québec dit avoir suspendu vendredi le bingo en réseau dans l’ensemble des salles du Québec afin de «se conformer aux directives gouvernementales et à favoriser le respect de la distanciation».
Questionnée à savoir pourquoi elle a permis la tenue d’une session avec un gros lot, en plus de cette ampleur, durant la pandémie, la société d’État a répondu qu’elle met à la disposition des salles le bingo en réseau et qu’elle n’a «ni autorité, ni droit de regard» sur leur gestion.
Loto-Québec a refusé de commenter le montant du lot progressif.
Les personnes ayant des symptômes s’apparentant à la COVID-19 peuvent remplir un outil d’autoévaluation sur le site du gouvernement du Québec dédié au coronavirus afin d’obtenir une recommandation quant aux prochaines étapes.
– Texte de l’Initiative de journalisme local.