MONTRÉAL — La prochaine mouture de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) sera «équitable» pour les travailleurs canadiens, qui pourront en être fiers, a promis le premier ministre Justin Trudeau, deux semaines après le début officiel des négociations.
C’est ce qu’il a déclaré à un auditoire syndical, jeudi, lors d’un discours durant le congrès du Conseil national des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce Canada (TUAC).
Le congrès se déroulait à Montréal depuis mardi et le premier ministre y a fait une brève apparition jeudi lors de laquelle il s’est montré rassurant. Il n’a pas rencontré les médias.
C’était la première fois qu’un premier ministre acceptait de prononcer un discours lors du congrès des TUAC, un important syndicat comptant plus de 250 000 membres.
«Après une décennie de désintérêt, nous allons accomplir beaucoup de choses ensemble», a-t-il dit, faisant valoir à son auditoire de quelques centaines de personnes que le gouvernement libéral a aboli des lois antisyndicales «abusives» qui avaient été adoptées par le gouvernement conservateur précédent.
«Les organisations comme la vôtre ne sont pas nos adversaires, vous êtes nos partenaires», a-t-il lancé sous une pluie d’applaudissements.
Le premier ministre a dit être conscient que la renégociation de l’ALÉNA inquiète les Canadiens.
Soulignant que l’Accord était dû pour une mise à jour, il leur a rappelé que des représentants syndicaux étaient présents sur le conseil de l’ALÉNA de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, responsable des négociations.
«Nous allons obtenir un accord équitable pour les travailleurs canadiens», a-t-il soutenu, affirmant avoir développé d’excellentes relations de travail avec ses homologues américains et mexicains. «Nous allons obtenir une entente dont les gens dans cette salle et partout au Canada pourront être fiers.»
Il a dit se concentrer notamment sur l’obtention de meilleures protections pour les travailleurs et pour l’environnement.
Le premier ministre a reçu un accueil fort chaleureux des délégués syndicaux ainsi qu’une ovation à la fin de son discours d’à peine 15 minutes.
Le syndicat appuie pourtant le Nouveau Parti démocratique (NPD) et a même fait connaître la semaine dernière son choix pour le prochain chef de la formation politique: le candidat Jagmeet Singh.
Interrogé à savoir si cette visite du premier ministre visait à les faire changer d’allégeance, le président national des TUAC, Paul Meinema, a rétorqué que si cela était son intention, c’était de bonne guerre. Mais il s’est dit heureux de collaborer avec n’importe quel gouvernement, surtout un qui dit vouloir en faire plus pour les travailleurs.
Des délégués rencontrés ont dit avoir apprécié le discours du premier ministre et lui accordent leur confiance.
«Il a été favorable aux travailleurs, juge Dave Mallen, employé comme boucher à Kingston, en Ontario. Le vrai test sera l’ALÉNA, mais je crois qu’il est d’attaque.»
Roland Lapins, d’Ajax en Ontario, soutient le NPD, parce que les travailleurs sont sa priorité, dit-il. Mais il se dit satisfait de travailler avec Justin Trudeau, comme avec tous ceux qui oeuvrent à améliorer les conditions d’emploi.
C’est aussi l’avis de Paul Meinema, le président national des TUAC.
Il veut profiter de l’ouverture du premier ministre pour mettre de l’avant des dossiers comme la renégociation de l’ALÉNA, afin de s’assurer que les travailleurs soient au coeur des discussions. Il souligne que beaucoup de ses membres, dont ceux au Québec dans le secteur des produits laitiers et de la volaille, peuvent être affectés négativement par l’accord commercial.
Selon un résumé diffusé par le porte-parole de la Maison-Blanche, le président américain Donald Trump et Justin Trudeau se sont parlé au téléphone jeudi au sujet de l’ouragan Harvey mais aussi sur les négociations de l’ALÉNA et ont mis l’accent sur leur espoir de conclure un accord d’ici la fin de l’année. Le communiqué du bureau du premier ministre n’en faisait toutefois pas mention.