LAVAL, Qc — Le chauffeur d’autobus qui a percuté une garderie à Laval, tuant deux enfants et en blessant six autres, le 8 février dernier, a été jugé apte à subir son procès, vendredi, au palais de justice de Laval.
Son avocat, Me Julien Lespérance Hudon, a cependant demandé et obtenu du juge Marc-André Dagenais que la responsabilité criminelle de Pierre Ny St-Amand soit évaluée à l’Institut Philippe Pinel d’ici 30 jours. La cause reviendra devant la Cour le 28 mars.
«J’ai des motifs raisonnables de croire que, soit au niveau des faits, au niveau des conversations que j’ai eues avec M. St-Amand ou encore avec les derniers éléments du rapport qu’on a eu sur l’aptitude, qui me laisse croire que peut-être que sa responsabilité criminelle n’a pas été engagée pour cause de troubles mentaux», a expliqué Me Lespérance Hudon à la sortie de l’audience.
Un homme transformé
Contrairement à sa dernière apparition, une semaine plus tôt,l’homme de 51 ans était éveillé et alerte. Sa comparution, d’à peine deux minutes, n’a toutefois pas donné lieu à une intervention de sa part, mais le contraste était frappant: vendredi dernier laCour avait ordonné que Pierre Ny St-Amand soit soumis à une évaluation psychiatrique de cinq jours pour déterminer son aptitude à subir son procès. L’homme de 51 ans était alors apparudans un état quasi catatonique, les yeux fermés et marchant avec peine, nécessitant l’aide de deux agents correctionnels pour le guider.
Me Lespérance Hudon avait alors expliqué que la communication avec son client était imprévisible. Ainsi, s’il avait réussi à communiquer avec lui la veille, il s’était heurté à une impossibilité d’entrer en contact avec lui le jour de la comparution. «Pour nous, c’est évident autant pour la Couronne que la défense que Monsieur était apte à subir son procès. Initialement, on a eu beaucoup de difficultés avec sa communication, à ce qu’il réponde à nos questions, particulièrement vendredi dernier. Aujourd’hui, vous l’avez vu dans son attitude en salle de cour, beaucoup plus présent, donc en mesure de comprendre le rôle du procureur de la Couronne, le rôle de la défense, le rôle du juge.»
Ce vendredi, l’accusé qui s’est présenté en Cour était un homme transformé comparativement à la semaine précédente.
«Si Monsieur est en mesure de subir son procès, c’est que Monsieur est en mesure de comprendre ce qui se passe dans le processus judiciaire, donc il est en mesure de comprendre l’ensemble des éléments qui se trouvent dans son dossier, mais aussi les procédures», a également reconnu la procureure de la Couronne, Me Karine Dalphond.
Distinguer le bien du mal
Le rapport de cette première évaluation a été placé sous scellé, de sorte que son contenu n’a pas été rendu public. Cependant, tant son avocat que Me Dalphond, ont indiqué que certains éléments du rapport justifiaient la demande d’évaluation de la responsabilité criminelle de l’accusé.
L’objectif de cette nouvelle évaluation est notamment de déterminer si la santé mentale de Pierre Ny St-Amand, au moment de la tragédie le 8 février, ne lui permettait pas de distinguer le bien du mal et, donc, s’il était criminellement responsable ou non.
Pierre Ny St-Amand fait face à neuf chefs d’accusation, soit deux de meurtre prémédité, un de tentatives de meurtres multiples contre l’ensemble des occupants de la garderie, et plusieurs chefs de voies de fait et de voies de fait graves en lien avec les enfants blessés.
