Alexandre Cusson au PLQ: nationaliser l’eau et hausser les normes éthiques

QUÉBEC — Les multinationales vont devoir remplir les coffres de l’État pour continuer à pomper l’eau du Québec, si Alexandre Cusson, devenu chef du Parti libéral du Québec (PLQ), est élu premier ministre.

«Il n’est plus question d’exploiter cette richesse qui appartient à tous les Québécois», a affirmé en mêlée de presse M. Cusson, au moment de lancer officiellement sa campagne au leadership, dimanche.

Il a aussi promis de rehausser les règles d’éthique, et ce, pour toute la classe politique, pas seulement au PLQ.

Au sujet de la nationalisation de l’eau, il a dit prendre exemple sur l’Ontario, qui a imposé en 2017 des redevances 135 fois plus élevées qu’auparavant, une facture qui sera passée de 3,71 $ à 503,71 $ par million de litres d’eau puisée.

Voilà «une avenue intéressante», a estimé le candidat, prompt à vouloir mieux encadrer la commercialisation de l’eau, actuellement «pompée au profit de multinationales».

La hausse de redevances pourrait toucher notamment les embouteilleurs d’eau potable et les producteurs de boissons (bière, eaux gazeuses) qui utilisent de grandes quantités d’eau.

Or, à ce jour, l’embouteillage de l’eau du Québec ne rapporte que 150 000 $ sous forme de redevances à l’État, une contribution nettement insuffisante selon lui.

«On parle de milliards et milliards de litres. Ce n’est pas une ressource inépuisable. Il faut prendre les décisions maintenant», a commenté M. Cusson en mêlée de presse, bien déterminé à ne plus «enrichir quelques grandes compagnies étrangères», sur le dos de l’ensemble des Québécois.

«Cette situation a assez duré», selon lui. Mais malgré la position très affirmée de M. Cusson sur cette question, dans les faits il ne s’engage pas à nationaliser l’eau, mais simplement, dans un premier temps, à entreprendre une «réflexion» sur le sujet.

Ce n’est donc pas un hasard si l’aspirant-chef a choisi de lancer sa campagne à l’aquarium du Québec, situé à deux pas du fleuve Saint-Laurent.

Cette idée de nationaliser l’eau revient périodiquement depuis plusieurs années au PLQ. L’aile jeunesse du parti en avait fait une proposition en 2005. La députée de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, qui va jouer un rôle-clé dans la préparation de la plateforme électorale de M. Cusson, fait la promotion de cette idée, qui lui tient réellement à coeur.

L’ancien maire de Drummondville — il quitte officiellement ses fonctions le 31 janvier — a été accueilli à l’aquarium par une poignée de militants, accompagné d’une seule membre du caucus libéral, la députée Marwah Rizqy, qui n’était jamais loin de lui du début à la fin de l’événement.

Celui qui veut succéder à Philippe Couillard n’a reçu à ce jour qu’un seul autre appui provenant du caucus, soit celui de la députée Lise Thériault, qui ne s’est pas présentée au lancement de son candidat favori dimanche.

Durant son discours, livré à l’aide d’une série de cartons qui lui servaient d’aide-mémoire, M. Cusson s’en est tenu essentiellement à deux idées: la réflexion à faire sur la pertinence de nationaliser l’eau et la nécessité de rehausser les normes éthiques de la classe politique.

Plus d’éthique

Se disant conscient qu’aux yeux d’une partie de la population, «il y a une odeur de corruption qui flotte sur la politique au Québec», M. Cusson a promis de hausser les règles éthiques appliquées par son parti, s’il en devient le chef.

Il s’est engagé à nommer une direction de l’éthique et de la conformité au sein du PLQ, une exigence qu’il étendrait à tous les partis s’il devient premier ministre en 2022.

Pourtant, il ne pense pas «qu’il y a de problème d’éthique au Parti libéral», plutôt un problème d’image, de perception.

Il a aussi proposé de préconiser dorénavant des investitures ouvertes à l’occasion du recrutement de candidats du parti en vue des prochaines élections générales, et de faire en sorte qu’au moins 40 pour cent des candidats du PLQ seront des femmes.

Questionné à savoir s’il allait prendre ses distances de l’ère Charest ou au contraire revendiquer l’héritage de l’ancien chef du PLQ et premier ministre du Québec, M. Cusson est resté de marbre: «Je ne revendiquerai aucun héritage. Je ne prendrai aucune distance».

À propos de l’enquête Mâchurer, menée par l’UPAC depuis six ans sur le financement supposément illégal du PLQ durant le règne de M. Charest, M. Cusson a gardé ses distances, affirmant qu’on devait laisser la police faire son travail.

Le prochain chef du PLQ sera élu à la fin du mois de mai.

Il n’y a pour l’instant qu’une seule autre personne sur les rangs, la députée Dominique Anglade.

La date limite pour déposer sa candidature a été fixée au 6 mars.