Anglade: Marie Montpetit n’a plus sa place au Parti libéral du Québec

QUÉBEC — Quelles que soient les conclusions de l’enquête à venir éventuellement, Marie Montpetit n’a plus sa place au Parti libéral du Québec (PLQ).

Le divorce entre le parti dirigé par Dominique Anglade et Mme Montpetit, jusqu’à tout récemment une des vedettes de l’opposition officielle, est consommé. L’affaire est entendue, la cheffe a tranché.

La sanction est tombée mardi matin de la bouche de la cheffe, en conférence de presse, au lendemain de l’exclusion du caucus libéral de la députée de Maurice-Richard, qui fait l’objet d’allégations de harcèlement psychologique.

L’avenir de Marie Montpetit au Parti libéral du Québec est donc désormais derrière elle.

Selon le scénario le plus prévisible, la députée et ex-ministre de la Culture, qui siège maintenant comme indépendante, ne pourra donc pas espérer réintégrer le caucus libéral d’ici la fin du mandat, ni porter les couleurs du PLQ dans Maurice-Richard lors du scrutin d’octobre 2022, et ce, même si elle sort blanchie d’une éventuelle enquête menée sur les allégations proférées contre elle.

«Avec la quantité d’informations que j’ai aujourd’hui, avec les faits qui m’ont été présentés, je ne vois pas de quelle manière ça se produirait. C’est ce que je peux vous dire», a commenté Mme Anglade, disant ne pas avoir pris la décision d’expulser sa collègue de son équipe «à la légère».

«Qu’il y ait une enquête indépendante ou pas ne change pas les faits qui ont été portés à mon attention», a-t-elle insisté, en assurant que sa décision était «la meilleure décision» qu’elle pouvait prendre dans les circonstances.

On peut en conclure que la cheffe libérale assume totalement la ligne dure qu’elle a choisi d’adopter, en donnant foi aux témoignages d’anciens employés de la députée ou de membres du personnel de l’aile parlementaire libérale, qui ont dressé au cours des derniers jours un portrait peu flatteur de la députée, portée apparemment selon eux aux insultes et au dénigrement de son entourage, et ce, depuis des années. Une plainte formelle de harcèlement psychologique a été formulée par écrit à l’aile libérale.

Certains d’entre eux ont aussi livré des témoignages aux médias allant dans le même sens, en conservant l’anonymat. 

Normalement, quand une telle situation survient, le dossier est référé au Bureau de l’Assemblée nationale (BAN), composé d’élus de différents partis, une instance qui doit statuer si la plainte n’est pas farfelue et si une enquête s’impose. En ce cas, une firme externe se charge d’analyser le dossier et de mener l’enquête. Tout ce processus est strictement confidentiel.

Questionnée à savoir depuis quand elle était au courant d’une situation problématique visant Mme Montpetit, et invitée à dire si elle n’avait pas tardé à agir, compte tenu que les faits allégués remontent parfois à des années, Mme Anglade a réaffirmé, comme elle avait fait la veille, avoir réagi avec toute la diligence requise, chaque fois que des faits avaient été portés à son attention. Elle est cependant demeurée évasive sur les actions menées à chaque étape. 

«Quand je vois des situations où les gens n’ont pas reçu le respect qu’ils devraient avoir, je n’ai pas le choix que d’agir et de dire que c’est tolérance zéro, et de dire qu’au sein de notre formation politique on ne peut pas avoir ce type de comportement», a-t-elle dit.

Quel avenir pour Marie Montpetit?

En 2018, la lutte avait été chaude entre plusieurs partis dans Maurice-Richard, mais Mme Montpetit avait réussi à l’arraché à conserver la circonscription dans le giron libéral avec une faible majorité de 530 voix.   

On ne sait toujours pas si l’élue âgée de 42 ans va compléter son mandat, demeurer membre du PLQ, songer à poursuivre d’une manière ou d’une autre sa carrière politique ou encore se réorienter. 

Depuis qu’elle est devenue persona non grata au sein de l’équipe libérale, elle n’a pas pris la parole publiquement, sauf pour nier catégoriquement les allégations formulées et affirmer qu’elle souhaitait rétablir les faits et défendre sa réputation. Celle qui a coprésidé la campagne au leadership de Dominique Anglade l’an dernier n’a donc pas encore donné sa version des faits. 

Samedi, la cheffe libérale avait d’abord annoncé que Mme Montpetit, qui était porte-parole de l’opposition officielle en santé, perdait ses responsabilités parlementaires. Le même sort était réservé au député libéral de La Pinière, Gaétan Barrette, porte-parole sur les dossiers relevant du Conseil du trésor, et à qui on reprochait notamment de commenter publiquement les dossiers de santé. 

Depuis, M. Barrette se fait fort discret. Il n’a pas donné d’entrevue et n’a pas été aperçu au parlement. Jusqu’à nouvel ordre, il est toujours membre du caucus libéral.