Les délégués à l’APN votent pour un audit pour «établir la vérité»

VANCOUVER — La réunion annuelle de l’Assemblée des Premières Nations (APN) a débordé d’accusations de corruption, d’un climat de toxicité et d’intimidation dans une crise qui, selon la cheffe nationale, est une excellente occasion pour l’organisation de commencer à guérir.

Les chefs ont approuvé jeudi une résolution qui dit qu’il existe un «problème sérieux» au sein de l’APN qui porte atteinte à la réputation de l’organisation qui reflète la voix des chefs en assemblée.

Les délégués à l’APN ont convenu d’un examen juridique des finances de l’organisation remontant à au moins une décennie, dans une résolution qui indique qu’il existe un grave problème au sein de l’APN qui cause «une atteinte à sa réputation».

La résolution appelle également à une «enquête tierce sur le climat de toxicité, d’intimidation et de violence latérale à l’APN» ; et que la cheffe nationale ainsi que le comité exécutif de l’APN se réunissent pour rétablir leurs relations.

La cheffe nationale RoseAnne Archibald a déclaré que l’agitation des trois derniers jours lors du rassemblement est un élément nécessaire de la guérison.

«Cette crise est en fait une belle opportunité. Nous avons saisi cette belle opportunité de nettoyer l’APN afin de commencer à la soigner pour avancer dans le bon sens. C’est ce qui est ressorti de tout cela, donc je pense que c’est sur cela que nous devons nous concentrer», a-t-elle déclaré aux médias après le vote. 

Cela survient après que la cheffe nationale RoseAnne Archibald a affirmé qu’elle avait été suspendue le mois dernier pour avoir tenté d’enquêter sur la corruption au sein de l’organisation.

Le comité exécutif a souligné que Mme Archibald avait été suspendue pendant qu’une enquête sur quatre plaintes contre elle par son personnel était en cours.

Les chefs ont voté pour sa réintégration mardi et un vote de non-confiance dans le leadership de Mme Archibald a été retiré sans vote de l’assemblée mercredi. 

Mme Archibald a déclaré qu’elle avait donné aux chefs certaines informations qui les ont convaincus de la nécessité d’un examen. Les rémunérations du personnel et les contrats délivrés par l’APN sont ses principales préoccupations, a-t-elle dit. 

«La vérité est comme un lion. Vous n’avez pas besoin de la défendre. Vous la libérez, et elle se défendra toute seule. Il a toujours été question de vérité.»

Certains chefs ont exprimé des inquiétudes quant au coût de l’audit, tandis que d’autres l’ont qualifié de processus nécessaire pour «établir la vérité».

Le chef Lance Haymond de la première nation Kebaowek au Québec a secondé la proposition pour appuyer la résolution. Il a déclaré que le moment était venu pour un nouveau modèle de gouvernance pour que l’assemblée puisse se rapprocher de ses membres. 

«C’est bien que vous sachiez que nous utilisons ce modèle depuis 40 ans, mais il est cassé. Faisons le travail. Obtenons les réponses que les chefs demandent, et travaillons à une APN renouvelée et meilleure qui répond vraiment aux réalités que nous devons vivre aujourd’hui.»

Byron Louis, le chef de l’Okanagan Indian Band, qui fait partie de la nation Syilx, a déclaré aux délégués que la vérification et les autres mesures approuvées dans la résolution permettront de fournir des preuves.

«Lorsque vous portez des accusations de corruption, de discriminations sexistes, vous savez, de favoritisme et tout cela, vous portez ces accusations contre nous parce que nous sommes l’assemblée et c’est quelque chose qui doit être très clair», a-t-il affirmé.

Après le vote, le chef de la première nation Serpent River, Brent Bisaillon, s’est approché du microphone et a exprimé sa déception «face aux actions de l’assemblée» et a annoncé qu’il quitterait la réunion plus tôt.

«Ce n’est pas du leadership. Ce n’est pas ce que notre peuple attend de nous en tant que dirigeants, a-t-il dit. Nos jeunes ont critiqué l’inaction de cette assemblée, et les derniers jours ont été marqués par le drame et l’ego.»

M. Bisaillon a affirmé que sa nation suspendrait sa participation au reste de l’assemblée en «ces temps d’incertitude, de distractions et de manque de leadership au sein de l’APN».

La coprésidente du conseil des jeunes de l’APN, Rosalie LaBillois, a déclaré mercredi que la politique et les désaccords autour du leadership lors du rassemblement ont fait obstacle à des sujets autochtones plus importants.