MONTRÉAL — Environ 20 pour cent des jeunes qui sont sortis du placement, dans le système de protection de la jeunesse, rapportent avoir vécu une forme d’itinérance dans les 13 mois qui ont suivi leur sortie du système.
Cette donnée ressort de l’étude longitudinale sur le devenir des jeunes placés au Québec, qui a été dévoilée mardi lors d’une conférence de presse à Montréal.
L’itinérance est définie comme le fait de dormir dans des endroits publics ou privés sans autorisation, comme dans un parc, un bâtiment inoccupé, dans des voitures, des abris de fortune.
Pour les fins de cette étude, les chercheurs ont suivi des cohortes de jeunes adultes, après leur sortie du système de protection de la jeunesse, pour voir comment ils se débrouillaient.
De même, 13 mois après leur sortie du placement, le tiers de ces jeunes se trouvaient dans une forme d’«instabilité résidentielle».
L’étude a aussi démontré que les jeunes placés, puis déplacés et replacés sont «plus à risque d’itinérance», a souligné Martin Goyette, chercheur responsable de l’étude et professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP).
Elle relève également un lien avec la faible scolarité de ces jeunes.
M. Goyette croit qu’on ne peut pas attendre à 16 ou à 17 ans pour préparer le jeune qui est placé à son autonomie. «Ça doit être réfléchi et préparé bien avant.»
Lorsqu’il atteint 18 ans, le jeune qui était placé vit déjà plusieurs bouleversements, en plus de perdre parfois la présence d’un intervenant qui était un adulte significatif dans sa vie. Il faut donc veiller à ce que tout ne s’interrompe pas en même temps parce qu’il a 18 ans, a noté le chercheur.
«Les soutiens doivent être réalisés bien plus tard, pour favoriser l’autonomie des jeunes qui sortent du placement», a-t-il plaidé.
Cette question du manque de soutien pour les jeunes, après 18 ans, a été soulevée à plusieurs reprises devant la commission sur la protection de la jeunesse présidée par Régine Laurent. Habitués à un certain cadre, ces jeunes se retrouvent trop souvent sans soutien, ou avec un soutien déficient, pour trouver un logement, un emploi, poursuivre leurs études, planifier un budget et autres gestes de la vie quotidienne.
Certains ont évoqué un maintien de la possibilité d’aide jusqu’à 19, 20 ou 21 ans.
Pour les fins de l’étude, 1136 jeunes qui ont été placés ont été rencontrés pour un premier entretien. Ils ont été rencontrés de nouveau en 2019 — 800 jeunes l’ont été jusqu’ici — et le seront en 2020 pour suivre leur cheminement.