Baber demande aux membres de ne pas seulement le considérer comme un «deuxième choix»

OTTAWA — Roman Baber demande aux militants conservateurs de ne pas le considérer simplement comme leur deuxième choix sur le bulletin de vote préférentiel dans la course à la chefferie.

L’ancien député provincial ontarien avait fait les manchettes avant la course lorsqu’il a été exclu du caucus conservateur par Doug Ford pour s’être opposé aux confinements pandémiques, au début de 2021. Il a publié mercredi un document soulignant ses positions autour de thèmes comme la démocratie et les ressources naturelles.

M. Baber, qui a élargi sa lutte contre les mesures sanitaires à la vaccination obligatoire, promet notamment d’abolir la gestion de l’offre en agriculture et les paiements fédéraux de péréquation — des promesses qui, selon lui, le démarquent de deux autres candidats qui pourraient se retrouver devant son nom sur les bulletins de vote. 

L’un étant Pierre Poilievre, vétéran député fédéral dans la région d’Ottawa et le favori de la course, dont la campagne a été centrée aussi autour des libertés individuelles.

Et l’autre étant Leslyn Lewis, députée ontarienne fédérale de l’aile «conservatrice sociale» du parti, qui s’est également prononcée contre les mesures sanitaires et en faveur des manifestations du «convoi de la liberté» l’hiver dernier. 

Mme Lewis était arrivée troisième dans la précédente course à la direction du parti, en 2020.

«Beaucoup de militants conservateurs apprécient le fait que j’aie adopté une position de principe pour défendre les Canadiens au cours des deux dernières années, alors que c’était impopulaire, a déclaré M. Baber lors d’une récente entrevue. Mais ils ne sont pas encore prêts à me donner leur appui comme premier choix.» 

M. Baber se lance maintenant dans ce qu’il appelle une «campagne d’éducation» auprès des membres du parti sur le fonctionnement du système de scrutin préférentiel, leur expliquant qu’ils n’ont pas à se soucier de «diviser le vote».

«Si vous me choisissez (deuxième) après un candidat plus populaire, alors je n’obtiendrai pas votre (deuxième) vote: je serai probablement éliminé face à un candidat plus populaire», a-t-il écrit mardi sur Twitter. M. Baber demande donc aux militants de reconsidérer leur appui et de l’inscrire comme premier choix sur le bulletin de vote.

Le scrutin bat son plein

Ses efforts pour amener les membres dans son camp surviennent alors que le scrutin a déjà débuté. Le parti a envoyé aux membres en règle la plupart des plus de 670 000 bulletins de vote. 

Les instances ont commencé cette semaine le processus de validation des bulletins déjà retournés – en vérifiant, par exemple, que les membres ont envoyé une copie de leur permis de conduire. Les résultats du scrutin seront dévoilés à Ottawa le 10 septembre.

Certains candidats ont mis l’accent sur les Néo-Canadiens, un segment de la population sur lequel les conservateurs devraient miser après cette course à la chefferie, croient des stratèges.

Des questions planent d’ailleurs sur ce qu’il adviendra des milliers de nouveaux membres que Patrick Brown aurait recrutés, avant d’être disqualifié de la course. 

Le maire de Brampton, en banlieue de Toronto, a mené une campagne axée sur la recherche de militants conservateurs dans les communautés ethniques et chez les immigrants. Il a affirmé après son éviction que l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest était le mieux placé pour vaincre Pierre Poilievre. 

Mme Lewis a elle aussi lancé un appel aux partisans de M. Brown. Immigrante noire, née en Jamaïque, elle a récemment envoyé un courriel aux membres du parti pour protester contre ce qu’elle a décrit comme la catégorisation des gens sous l’étiquette du soi-disant «vote ethnique». Elle soutient que c’est un problème lorsque les gens, y compris à l’intérieur du parti, voient les électeurs comme appartenant à un bloc monolithique.

«Patrick Brown ne pouvait pas livrer le ‘vote ethnique’. Il pouvait, comme tous les autres candidats, faire appel aux valeurs conservatrices des gens de ces communautés. Mais ces communautés ne lui appartenaient pas», a-t-elle écrit.

«Puis-je offrir le soi-disant vote ethnique à notre parti lors des prochaines élections fédérales ? Je l’ai déjà fait par le passé et je peux le refaire. Mais pas parce que je coche une petite case: parce que je traite les gens comme je traite tout le monde.»