MONTRÉAL — L’activité physique a aussi un côté sombre: si elle est associée à la santé, pour certains jeunes pratiquant des sports de compétition, elle rime plutôt avec des problèmes alimentaires, comme les vomissements provoqués, les régimes intensifs à répétition et la prise de laxatifs, souligne une chercheuse québécoise qui étudie le phénomène.
Et ces attitudes et comportements alimentaires inappropriés «sont beaucoup plus nombreux que l’on pourrait penser», fait valoir Maud Bonanséa, étudiante au doctorat et chargée de cours en sciences de l’éducation, affiliée à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
«Il s’agit de la ‘face cachée’ du sport».
«Ça va jusqu’à 50 pour cent des sportifs qui présentent des risques de troubles alimentaires», c’est-à-dire des comportements alimentaires inappropriés, a-t-elle expliqué en entrevue avec La Presse canadienne, citant des études déjà publiées portant sur des sportifs de haut niveau qui s’entraînent pour des compétitions nationales et internationales.
Dans certains cas, les athlètes recherchent la prise de poids, et dans d’autres, l’amaigrissement.
Mal connus et passant souvent inaperçus, ces comportements sont précurseurs des troubles alimentaires diagnostiqués, qui touchent de 8 à 10 pour cent des sportifs, relate la chercheuse.
Membre du laboratoire spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire, le LoriCorps, Mme Bonanséa présentait cette semaine des résultats de recherche préliminaires sur les risques de troubles de comportements alimentaires inappropriés chez les jeunes athlètes québécois, lors du Congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), qui avait lieu à Montréal.
S’il y a des études américaines et européennes sur la question, il y en a peu, voire pas, au Québec, dit-elle. D’où l’un de ses intérêts à réaliser cette recherche.
Combat contre les troubles alimentaires
Cette facette négative du sport peut d’ailleurs surprendre certains: «on n’a pas l’habitude de regarder la pratique sportive sous cet aspect-là parce qu’on l’associe toujours à la santé, au bien-être tant physique que mental, mais finalement, il y a quand même une vigilance à avoir».
La célèbre athlète canadienne Clara Hughes, qui a remporté six médailles olympiques, a d’ailleurs relaté dans sa biographie son combat contre les troubles alimentaires, confiant se priver de nourriture avant les compétitions.
Mme Bonanséa s’est penchée plus spécifiquement sur les sportifs québécois qui sont encore étudiants, au cégep et au collège, notamment ceux qui sont dans des programmes de sports-études. Elle cherche à déterminer s’il y a un risque qu’ils développent un trouble alimentaire.
Parmi ces pratiques, elle cite le vomissement provoqué, la prise de laxatifs, de coupe-faim — pour essayer de perdre du poids avant une compétition — les crises de suralimentation, l’hyperactivité physique, le recours au jeune de façon excessive et les régimes intensifs. Dans les sports qui valorisent la masse musculaire, il y a aussi la prise de stéroides anabolisants.
«Ce sont toutes des stratégies qui sont considérées comme normales dans la communauté sportive mais qui, en fait, sont très dommageables pour la santé», explique-t-elle.
Tous les sports touchés
Selon ses résultats préliminaires de recherche, ce fléau touche tous les sports, sans distinction.
«Pour l’instant, on s’aperçoit, du moins dans notre échantillon, qu’on aurait peut-être des profils de sportifs qui seraient beaucoup plus tentés en fait de vouloir prendre de la masse musculaire et à faire des régimes pour avoir une meilleure performance dans leur sport. Il y a beaucoup de pression de la performance pour à la fois rester dans leur programme sportif mais aussi dans leur cursus académique».
Elle explique qu’il semble y avoir une sous-culture dans le sport qui valorise la prise de poids: «si c’est le cas, tu vas être plus fort et tu vas mieux performer», explique-t-elle au sujet de certains disciplines comme le judo, la lutte et l’athlétisme.
Chez ces jeunes adultes, il y a une croyance ancrée selon laquelle il faut atteindre ces objectifs pour réussir, explique-t-elle. Ils se basent sur des modèles américains, sur des sportifs massifs, parce que pour eux c’est un gage de réussite.
La chercheuse s’intéresse aussi aux perceptions qu’ont les enseignants et les entraîneurs. Elle constate qu’il y a souvent un écart entre ce qu’ils perçoivent et les problèmes que vivent réellement les étudiants.
Mme Bonanséa souhaite ainsi développer un programme de prévention et de sensibilisation pour mieux accompagner les étudiants et prévenir les troubles du comportement alimentaire.
Salut. Quand on cherche à perdre du poids, on a souvent envie d’obtenir rapidement des résultats visibles. Bien plus que des sacrifices, perdre quelques kilos requiert avant tout un changement d’habitudes qui n’améliorent pas seulement notre silhouette, mais également notre qualité de vie. Les recherches ont démontré que la plupart des gens en surpoids portent autour de 5 à 10 kilos de gras corporel indésirable. De par mon expérience, la plupart des diètes échouent parce qu’elles ont une approche longue, lente et ennuyeuse vis à vis la perte de poids.