Buttigieg abandonne la course à l’élection présidentielle américaine

WASHINGTON — Pete Buttigieg, l’un des chefs de file des primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de 2020, a mis un terme à sa campagne dimanche.

«La vérité est que le chemin s’est rétréci jusqu’à la fin pour notre candidature, voire pour notre cause, a déclaré M. Buttigieg à des partisans à South Bend, dans l’Indiana. Nous devons reconnaître qu’à ce stade de la course, la meilleure façon de garder la foi avec ces objectifs et ces idéaux est de nous retirer et de contribuer à rapprocher notre parti et notre pays.»

M. Buttigieg a annoncé sa décision à peine un jour après que l’un de ses principaux rivaux, l’ancien vice-président Joe Biden, ait remporté une victoire retentissante en Caroline du Sud, ce qui a mis davantage de pression sur l’aile modérée du parti afin qu’elle se rallie derrière ce dernier.

Pete Buttigieg avait critiqué Joe Biden, accusant l’homme âgé de 77 ans à vie et ayant une longue carrière politique d’être en décalage avec la politique d’aujourd’hui. Ses critiques se sont toutefois davantage orientées ces derniers jours vers le favori Bernie Sanders, un progressiste polarisant qui a profité du grand nombre de candidats qui ont divisé le vote modéré.

MM. Buttigieg et Biden ont échangé des messages vocaux dimanche sans toutefois se parler directement, selon une source au courant des tentatives de conversations. M. Buttigieg a fait le premier appel pour informer M. Biden de sa décision, puis M. Biden l’a rappelé. Le duo n’a pas réussi à se joindre pour des raisons de logistique lors des déplacements.

Pete Buttigieg, le premier candidat ouvertement homosexuel à se présenter sérieusement à la présidence, a tenté de prouver que son parti se porte mieux lorsqu’il appuie des candidats qui proposent un changement de génération. Le vétéran de la guerre d’Afghanistan, âgé de 38 ans, a finalement réussi à attirer le vote d’un électorat plus âgé tandis que Bernie Sanders, âgé de 78 ans, a réussi à galvaniser les plus jeunes votants.

«L’histoire de Pete Buttigieg n’est pas terminée. Elle ne fait que commencer, a prédit le stratège démocrate David Axelrod. Il a 38 ans. Il s’est lancé dans un dialogue national. Il a évidemment du travail à faire sur certaines choses qui — certaines faiblesses que nous avons vues lors de cette élection —, mais chaque fois qu’il y aura à nouveau une conversation au sujet des candidats démocrates, il en fera partie. Et c’est une réalisation remarquable, étant donné où il a commencé il y a un an.»

Les électeurs ont estimé que M. Buttigieg se rangeait dans la voie la plus modérée du peloton démocrate, et il a connu un succès rapide, terminant en tête dans les caucus de l’Iowa et récoltant une deuxième place serrée au New Hampshire. Toutefois, il a connu des difficultés alors que la course se déplaçait vers des États plus diversifiés, moins dépendants des électeurs détenant un diplôme universitaire.

Malgré des organisations solides dans l’Iowa et le New Hampshire et des partisans qui rassemblaient plusieurs anciens indépendants et républicains, M. Buttigieg n’a pas réussi à surmonter des questions sur sa capacité à obtenir l’appui des Afro-Américains, eux qui font partie de la base électorale des démocrates.

Il n’a récolté que seulement 3% des votes de non blancs lors de la primaire de samedi en Caroline du Sud, selon AP VoteCast, une vaste enquête auprès de l’électorat.

En tant que maire d’une ville à 25% noire, M. Buttigieg a été critiqué pour avoir licencié le premier chef de police afro-américain de l’histoire de South Bend et pour sa gestion du cas d’un policier blanc qui avait tué par balle un homme noir armé en juin.

Un groupe Black Lives Matter de South Bend a publié une déclaration affirmant qu’il était «excité» que M. Buttigieg ait quitté la course. «Nous espérons qu’il a appris sa leçon — que le néolibéralisme et les politiques anti-noirs ne seront plus tolérés», a écrit le groupe.

À la suite de sa progression inattendue dans l’Iowa et le New Hampshire l’automne dernier, il a été pris pour cible par la sénatrice Elizabeth Warren du Massachusetts qui lui reprochait les collectes de fonds dispendieuses qu’il organisait, notamment dans une cave à vin en Californie.

La sénatrice du Minnesota, Amy Klobuchar, s’en est également prise à M. Buttigieg dans les mois précédant les caucus en soulignant son manque d’expérience sur la scène nationale.