QUÉBEC — Après avoir raté les cibles qu’il avait fixées en 2021 et revalidées en 2022, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a présenté, mercredi, un nouveau plan de rattrapage des chirurgies.
Il était accompagné en point de presse par le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Vincent Oliva.
Plus de 17 000 Québécois sont en attente d’une opération depuis plus d’un an. À titre comparatif, cette liste s’établissait à 19 000 patients en juin 2021 et à 22 000 en septembre 2022.
Le plan Dubé-Oliva vise à ramener le nombre de patients en attente d’une intervention chirurgicale depuis plus d’un an au niveau d’avant la pandémie, c’est-à-dire 2500, d’ici le 31 décembre 2024.
Le gouvernement s’est aussi fixé un objectif intermédiaire, en mars 2024, pour que cette liste soit rendue à 7500. Les établissements ont tous une cible de réduction individuelle.
Pour ce faire, on tentera d’optimiser les salles d’opération et de rouvrir celles qui sont fermées. Il sera également possible de faire du temps supplémentaire, de façon volontaire, les soirs, les fins de semaine et les jours fériés.
Le gouvernement compte également profiter davantage des cliniques privées.
Environ 400 millions $ seront investis pour réaliser le rattrapage — cette somme est comprise dans l’entente conclue en 2019 avec la FMSQ.
Troisième tentative «réaliste»
L’an passé, Christian Dubé promettait toujours de retrouver le taux prépandémique dès le printemps 2023, mais cette cible a été ratée. Il blâme les retards sur la pandémie de COVID-19.
«Il y a eu une cinquième, une sixième puis une septième vague. Pendant ce temps-là, nos taux d’opération dans nos chirurgies roulaient à peu près à 85 %», s’est-il défendu en conférence de presse.
La nouvelle cible qu’il se fixe aujourd’hui est «réaliste», dans la mesure où on va «rouler à 100 %, plus une base volontaire, et rendre des blocs opératoires (disponibles)».
«S’il y a des blocs opératoires qui sont ouverts, on va les remplir puis on va donner des services», a promis le Dr Oliva, en ajoutant vouloir également prioriser les chirurgies oncologiques hors délais (plus de 56 jours).
«Il y a des patients, si le délai est trop long, dont le stade de la maladie peut changer, peut avancer, et leur pronostic peut se détériorer», a reconnu le président de la FMSQ.
L’opposition exaspérée
Le ministre Dubé n’atteint pas ses objectifs, ont dénoncé le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS). «Que vaut la parole de Christian Dubé?» s’est insurgé en point de presse le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay.
«Il avait dit, postpandémie: « La liste d’attente des chirurgies plus d’un an va passer de 20 000 à 3000 dans la prochaine année ». La prochaine année, elle est écoulée. Ce n’est pas 20 000 à 3000, c’est 17 500. Aujourd’hui, il dit: « O.K., reset, on repart à zéro. Une autre promesse: 31 décembre 2024″», a-t-il déploré.
Le gouvernement caquiste se fixe constamment de nouveaux échéanciers, parce que les précédents ne sont jamais respectés, a souligné à son tour le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.
«Pourquoi? Parce qu’on ne règle pas le problème de fond. Et le problème de fond, là, ce n’est pas l’organigramme, c’est qu’il manque de monde dans le système», a-t-il dit.
Du côté du Parti québécois (PQ), on voit d’un bon œil l’entente conclue avec les médecins spécialistes. «Je pense qu’on peut y arriver lorsqu’on collabore», a affirmé le porte-parole du PQ en santé, Joël Arseneau.