VANCOUVER — Le 31 décembre 2019, il y a près d’un an — on dirait un siècle —, l’Organisation mondiale de la santé apprenait l’apparition de cas de pneumonie «de cause inconnue» à Wuhan, en Chine. En un an, les experts ont fait des progrès remarquables pour déchiffrer le code de ce «nouveau coronavirus» et comprendre son comportement.
Le docteur Srinivas Murthy, du service des soins intensifs à l’Hôpital pour enfants de Vancouver, passe en revue certaines des grandes leçons apprises au fil de cette année pandémique exceptionnelle.
1. Le virus SRAS-CoV-2 peut se propager dans l’air. «Je me souviens encore des conversations de janvier, alors que nous ne savions pas vraiment s’il s’agissait d’une transmission interhumaine soutenue, sur la base des premiers cas à Wuhan.» Depuis, les scientifiques ont appris que le virus pouvait se propager non seulement par gouttelettes, mais aussi par voie aérienne — une information cruciale pour les autorités de la santé publique. La transmission par aérosol signifie qu’il ne suffit pas que deux personnes maintiennent une certaine distance dans une même pièce: il faut aussi ventiler la pièce — ou éviter de partager une même pièce. «C’est la combinaison gouttelettes-aérosol qui est à l’origine de la pandémie.»
2. Notre système de santé a des maillons faibles. «Une pandémie met notre système de santé et notre population en tension dans les maillons les plus faibles, et nous devons consolider ces points faibles», souligne le docteur Murthy. La pandémie de COVID-19 a montré que certaines communautés ont moins accès aux soins de santé ou sont plus difficiles à cibler avec des messages de santé publique. La pandémie a touché de manière disproportionnée les communautés vulnérables, notamment les gens qui vivent dans des établissements de soins de longue durée. Bien que ces groupes puissent déjà présenter des conditions prévalentes de comorbidité, les résultats pourraient être améliorés, par exemple, grâce à des messages ciblés pour des groupes culturels particuliers, estime l’intensiviste.
3. Les enfants s’en tirent mieux. Bien qu’il y ait un certain débat sur le rôle que les enfants ont joué en tant que propagateurs du coronavirus dans la communauté, une «grâce providentielle» dans cette pandémie aura été que les tout-petits s’en tirent mieux que les adultes lorsqu’ils sont infectés. Si ça n’avait pas été le cas, «les 12 derniers mois auraient été bien différents», rappelle M. Murthy.
4. Le pouvoir de la prévention. Au début de la pandémie, une grande attention a été accordée à la capacité des soins intensifs, comme les lits disponibles et les respirateurs. En tant que médecin aux soins intensifs, le docteur Murthy était bien content que son service soit ainsi mis en évidence, mais il serait plus efficace de mettre l’accent sur la prévention plutôt que sur le traitement, convient-il. Cela implique de concentrer les ressources sur des mesures qui réduisent le risque de transmission, sur la recherche des contacts et sur le développement de vaccins. «L’objectif global lors d’une pandémie ne devrait pas être de compter sur votre unité de soins intensifs pour vous sauver: ça devrait être de ne pas contracter la maladie au premier chef.»
5. Il y a des vaccins! C’est bien beau de mettre au point un vaccin, mais encore faut-il qu’il soit efficace. Des essais cliniques concluants et le déploiement de vaccins au Canada et dans le monde signifient qu’il y a de la lumière au bout du tunnel. «C’est évidemment la voie pour s’en sortir. C’est très cool, évidemment: la science et tout ce qui nous a menés là où nous en sommes actuellement, c’est génial et cool à voir!»