QUÉBEC — Un éventuel gouvernement du Parti libéral du Québec (PLQ) dirigé par Dominique Anglade ne serait pas prêt à se lancer dans une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles visant à revoir le statut du Québec au sein du Canada.
Alors qu’on s’apprête à souligner le 25e anniversaire du référendum d’octobre 1995, le PLQ reprend le flambeau des revendications traditionnelles du Québec, se réappropriant le concept de «société distincte», mais sans aller jusqu’à réclamer de nouvelles négociations constitutionnelles avec Ottawa et les autres provinces.
«Je ne pense pas que la priorité des Québécois et des Canadiens soit dans une ronde constitutionnelle», a observé la cheffe libérale, en point de presse mardi, trois décennies après la fin des pourparlers ayant marqué une rupture entre le Québec et le reste du pays.
Dans une lettre ouverte transmise aux médias le jour même, Mme Anglade parle d’entamer avec Ottawa de nécessaires «discussions», sans pour autant conclure que ces échanges devraient entraîner des pourparlers constitutionnels en bonne et due forme.
En point de presse, elle a défendu le fait de demeurer muette sur cet enjeu, en faisant valoir que le Québec, qui a toujours refusé de signer la constitution canadienne, «n’est pas rendu là».
Mais elle estime que cela ne l’empêcherait d’aucune façon de formuler ses revendications sur divers enjeux.
Comme l’ex-premier ministre Robert Bourassa, l’actuelle cheffe libérale se dit convaincue que «le Québec est maître de son avenir», et qu’on doit lui reconnaître un statut «distinct», une revendication phare dans les années 80, à la fois pierre angulaire et pomme de discorde ayant mené à l’échec de l’Accord du lac Meech en 1990.
À la suite de cet échec, suivi de celui de l’accord de Charlottetown, «il reste encore quelque chose d’inachevé dans la place que le Québec doit occuper au sein du Canada», écrit-elle, estimant qu’un certain «malaise» subsiste entre le Québec et le reste du pays.
Au chapitre des revendications du PLQ en 2020, notons aussi la souveraineté culturelle du Québec, un projet cher à Robert Bourassa dans les années 70, qui n’a jamais eu de suite.
Aux demandes déjà connues, le PLQ ajoute désormais son intention de voir les entreprises de compétence fédérale assujetties à la loi 101, un projet revendiqué aussi par le gouvernement Legault, qui s’apprête à déposer une mise à jour de la Charte de la langue française.
On veut aussi au PLQ encadrer le pouvoir fédéral de dépenser, en respectant les champs de compétence du Québec, «incluant des transferts inconditionnels en santé», de même qu’élargir ses pouvoirs en environnement et dans la lutte aux changements climatiques sur la scène internationale.
«Le Québec ne doit pas renoncer à ses demandes légitimes, ou laisser le pouvoir fédéral prendre une expansion sans limites», selon elle.
En 1995, âgée de 21 ans, Dominique Anglade était une jeune militante libérale «engagée dans la défense de la place du Québec au sein du Canada», écrit-elle.
Quelque 25 ans plus tard, elle estime que «la place du Québec dans le Canada doit encore faire l’objet de discussions et de revendications».
Dans sa lettre, elle note que l’option souverainiste est certainement «légitime» pour le Québec, même si elle ne partage pas cette approche, qui aurait des «conséquences économiques importantes».