MONTRÉAL — La coroner qui a enquêté sur les morts en hélicoptère de l’ex-président de Savoura, Stéphane Roy, et de son fils Justin Roy Séguin, à l’été 2019, croit que les efforts des policiers pour retrouver l’appareil accidenté auraient été facilités s’ils avaient eu meilleur accès à des renseignements permettant de le repérer.
Dans son rapport publié mercredi, la coroner Denyse Langelier relate qu’après la disparition des deux hommes, signalée le 10 juillet, la Sûreté du Québec (SQ) a demandé à la compagnie de télécommunications Telus une triangulation pour localiser les cellulaires des victimes, qui n’a pu être faite, car les deux téléphones étaient éteints.
Les enquêteurs ont alors demandé à Telus d’obtenir les activités sur les cellulaires des disparus afin d’établir une première zone de recherche.
Le 16 juillet, les enquêteurs ont obtenu l’ensemble des numéros qui ont eu une connexion avec les cellulaires des disparus. Mais le lendemain, le fournisseur de services cellulaires a mis fin à sa collaboration en informant la police qu’aucune autre information ne leur serait fournie, car il ne s’agissait plus d’un dossier en urgence.
La coroner Langelier signale que les enquêteurs n’ont pu obtenir d’autorisation judiciaire pour avoir d’autres informations, car ils n’agissaient pas dans le cadre d’une enquête criminelle.
La coroner Langelier estime que la création de dispositions législatives visant à outiller les policiers pour trouver des personnes disparues serait nécessaire.
La coroner a relevé d’autres difficultés à enquêter sur cette affaire: il n’y avait pas de témoins, la radiobalise de repérage n’a pas fonctionné, Stéphane Roy n’avait pas déposé de plan de vol ou d’itinéraire de vol, les téléphones cellulaires étaient éteints et ne pouvaient être réactivés à distance et la localisation du cellulaire de Stéphane Roy a pris beaucoup de temps.
Telus a soutenu mercredi que l’entreprise ne «ménage aucun effort (…) dans une situation de vie ou de mort».
Telus a dit par courriel avoir «suivi le cadre légal et processus en place et avoir collaboré avec les autorités dès le début de la requête d’assistance à l’investigation».
L’entreprise a fait valoir certains éléments du rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST), également publié mercredi.
On peut notamment y lire que «le fournisseur de service a reçu une ordonnance de la cour le 18 juillet, soit 8 jours après l’accident, pour transmettre aux autorités policières des données historiques provenant des téléphones cellulaires des occupants. Les informations ont été transmises aux autorités policières dès le lendemain, et ce, même si un délai de 30 jours était alloué au fournisseur pour communiquer ces informations.»
Dans un avis rendu public en février 2020, le BST indiquait que l’hélicoptère était muni d’une pièce d’équipement défaillante, soit sa radiobalise de repérage d’urgence.
Après la disparition de l’hélicoptère, aucun signal provenant de la radiobalise de repérage d’urgence (ELT) n’a été reçu par les autorités, ce qui aurait pu les aider dans leurs recherches de l’appareil.
On peut lire dans le rapport du BST publié mercredi que l’examen de l’ELT a démontré «que si les butées de verrouillage avaient été intactes et l’interrupteur avait été à la position ARM, l’ELT aurait transmis un signal de détresse».
M. Roy et son fils avaient passé deux jours dans un chalet de pêche des Laurentides avant de s’envoler pour rentrer à leur point de départ à Sainte-Sophie. L’hélicoptère de marque Robinson R 44 n’a été localisé que le 25 juillet à 12h30 par un hélicoptère de la Sûreté du Québec.
C’est en 1995 que Stéphane Roy avait fondé Savoura à Sainte-Sophie. Depuis, la compagnie a établi 12 lieux de production en serre dans huit régions du Québec où travaillent chaque jour plus de 350 personnes, à l’année longue.