Coroner: les policiers devant des témoignages disparates sur Martin Carpentier

Les premiers policiers arrivés sur les lieux de l’accident impliquant la voiture de Martin Carpentier à Saint-Apollinaire, le 8 juillet 2020, ont été placés devant des témoignages qui ne concordaient pas quant à son tempérament, a témoigné l’un d’eux, mardi, lors de la deuxième journée d’audiences du coroner Luc Malouin.

La mère de Norah et Romy, Amélie Lemieux, avait dit aux policiers que Martin Carpentier était un bon père, qu’il n’était pas dépressif, pas dangereux pour ses enfants. Elle l’avait même vu durant l’après-midi avec les enfants.

Ensuite, le conjoint de l’époque de Mme Lemieux avait donné aux policiers une tout autre version, affirmant que Martin Carpentier avait perdu du poids depuis quelque temps, n’allait pas bien et était dépressif.

Et une troisième personne, un ami de Martin Carpentier, avait affirmé aux policiers que M. Carpentier était plus fatigué depuis un mois et dépressif, mais qu’il ne ferait jamais de mal à ses enfants, qu’il était un bon père de famille.

Pour ajouter au mystère, les patrouilleurs se sont en plus retrouvés devant une scène d’accident qui pouvait laisser croire soit à un délit de fuite, soit à une voiture volée, soit à un accident avec projection des personnes ou soit à un conducteur avec facultés affaiblies qui voulait fuir les policiers. Plusieurs scénarios étaient possibles, puisqu’ils se retrouvaient devant une voiture accidentée, sur l’autoroute 20, dans laquelle il n’y avait plus personne à bord.

Les premières recherches

Le coroner Luc Malouin a ensuite entendu le directeur du Service des incendies de Saint-Apollinaire, Martin Miller, qui a procédé aux premières recherches avec 10 pompiers, le soir de l’accident, en ratissant le terre-plein central, les accotements, l’autoroute.

Il a ainsi pu écarter la piste des personnes éjectées à proximité de la voiture, grâce à ce ratissage.

Il avait été convenu avec les policiers de ne pas dépêcher ces 10 pompiers pour des fouilles dans la forêt, parce qu’ils auraient ainsi brouillé les pistes pour les maîtres-chiens. Il a expliqué que les chiens cherchent une odeur humaine, et non une odeur humaine particulière. Or, si les pompiers s’étaient tous mis à faire des fouilles dans le boisé, ils auraient compliqué la tâche des maîtres-chiens.

M. Miller a aussi relaté qu’il avait offert son aide à la Sûreté du Québec, puisqu’il avait une équipe d’urgence hors route formée pour faire des recherches en milieu forestier, dans les cas d’accident de motoneige ou de VTT.

Mais, le 9 juillet, lendemain de l’accident, il s’est plutôt fait offrir de faire des barrages routiers, avec en main des photos des personnes recherchées — ce que les pompiers ont fait.

Le 10 juillet, M. Miller s’est lui-même rendu au poste de police de Laurier-Station pour réitérer son offre d’aide. «Je n’ai pas eu de retour.»

Le 11 juillet, la Sûreté du Québec lui a demandé de l’aider pour encadrer les «bénévoles spontanés» qui s’offraient pour participer aux recherches. Il y en avait entre 200 et 250 enregistrés. «C’était un zoo. On était débordé», a-t-il lancé.

Finalement, les corps de Norah et Romy ont été localisés et les pompiers ont été appelés avec les paramédics pour les évacuer, a-t-il relaté.

Les craintes de Martin Carpentier

Plus tôt dans la journée, la grand-mère maternelle de Norah et Romy, Gaétane Tremblay, avait dit au coroner que Martin Carpentier n’aimait pas que quiconque d’autre que lui prenne soin de ses enfants. Il n’aimait pas que le conjoint de l’époque d’Amélie Lemieux, la mère des deux filles, prenne Romy dans ses bras, a-t-elle illustré.

La crainte de Martin Carpentier de perdre la garde de ses enfants était constante, a rapporté la grand-mère maternelle, qui vivait dans le jumelé à côté de lui. Elle recueillait souvent ses confidences, même après sa séparation avec sa fille. 

Même si tout le monde cherchait à le rassurer en lui disant qu’il n’avait aucune crainte à avoir, qu’il était un bon père, sa peur revenait le hanter.

Un après-midi, il est arrivé chez elle «en sueurs» et a affirmé qu’il ne voulait pas divorcer, qu’il ne voulait pas se remarier, qu’il ne voulait pas vendre la maison jumelée.

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