COVID-19: Christian Dubé tire un sérieux coup de semonce

MONTRÉAL — Il n’y aura aucune tolérance pour la délinquance dans les bars, sur les plages ou autres lieux de rassemblements où la distanciation n’est pas respectée, et ce, au risque pour les fautifs de recevoir des amendes ou voir leurs établissements carrément fermés.

Le nouveau ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a sonné la fin de la récréation, lundi, après un week-end marqué par des éclosions de COVID-19, notamment dans des bars.

Il a ainsi prévenu les propriétaires, gestionnaires et clients de lieux de rassemblements que le non-respect aura des conséquences sérieuses.

«Je veux être très, très clair: les fautifs devront être sanctionnés et nous n’hésiterons pas à fermer les établissements au besoin. On ne laissera pas passer une autre fin de semaine avec des incidents de la sorte.»

Évoquant la situation aux États-Unis, M. Dubé a averti qu’il «n’est pas question qu’une minorité de délinquants mettent à risque la santé des Québécois ou la relance du Québec».

Christian Dubé promet que des mesures seront mises en vigueur par les corps policiers dans les prochains jours. Il doit élaborer d’ici jeudi ces mesures après consultation avec la Régie des alcools, des courses et des jeux pour d’éventuelles suspensions de permis; avec la CNESST pour sanctionner des employeurs fautifs en matière de sécurité; avec la Sécurité publique pour l’imposition d’amendes aux clients; et avec la santé publique pour un éventuel reconfinement de tout le secteur.

Arruda: «I will be a very bad boy»

«Si ça devient un nid à éclosion, ma recommandation de fermer, je vais le fermer», a tranché le directeur de la santé publique, le docteur Horacio Arruda.

Durant les questions en anglais, le coloré médecin a dit qu’il ne voulait pas fermer tout le secteur, mais que «si les gens ne font pas ce qui doit être fait, je serai un très vilain garnement (I will be a very bad boy). Je suis capable d’être un vilain garnement, un très vilain garnement, mais je ne veux pas être un vilain garnement.»

Parmi les autres mesures envisagées, le ministre Dubé a parlé de réduire le nombre de clients en deçà de la capacité prévue au permis, d’imposer une fermeture plus tôt ou encore une obligation pour chaque client d’avoir une place assise.

Quant à une éventuelle fermeture des plages ou des piscines où la délinquance était également très visible en fin de semaine, le ministre Dubé a été on ne peut plus clair, canicule ou pas: «Malheureusement, si les gens ne respectent pas les règles, il va falloir le faire.»

Sérieuses inquiétudes

Jusqu’ici, les nouvelles éclosions découvertes ce week-end sont contrôlées, selon le docteur Arruda, et les enquêtes épidémiologiques ont permis de retracer les contacts.

Mais il n’a pas caché son inquiétude. «S’il y a plusieurs petites éclosions qui flambent partout au Québec, ça fait remonter la courbe qui est descendante, et ce, même avant la deuxième vague et ce serait une très mauvaise chose», a-t-il expliqué.

La situation aux États-Unis, incapables de sortir de la première vague, justifie d’ailleurs ces craintes, ainsi qu’un signal inquiétant dans les données rendues publiques lundi par Québec: bien qu’on signale un nombre de décès très faible — seulement trois — au cours des dernières 24 heures, le ministre Dubé note une importante ombre au tableau du côté des hospitalisations.

«Nos hospitalisations, pour la première fois depuis plusieurs jours, sont en hausse de six. C’est peu, mais c’est un renversement de tendance», a dit le ministre.

La grippe «décapitée»?

Horacio Arruda a de nouveau imploré les Québécois et surtout les jeunes de ne pas prendre la pandémie à la légère.

«Les jeunes ont bien répondu au confinement. Les Québécois ont très bien répondu au confinement. Là, j’aimerais qu’ils répondent bien au déconfinement conditionnel qui veut dire: port du masque, lavage de mains et distanciation de deux mètres. Ce n’est pas compliqué», a-t-il fait valoir.

Selon lui, le respect des consignes pourrait permettre à toute la province de faire d’une pierre deux coups: «Si on maintient la distanciation de deux mètres, qu’on se lave les mains et qu’on porte le masque, on va peut-être avoir une saison de grippe qui pourrait être décapitée ou du moins diminuée.»

Cette possibilité est non seulement réaliste, mais démontrée ici même, a poursuivi le médecin: «On avait la grippe au mois d’avril et dès qu’on a mis les mesures (sanitaires) en place, ç’a chuté.»

L’industrie favorable

Les tenanciers de bars, loin d’être mécontents, saluent la démarche du ministre Dubé. Dans un communiqué diffusé dans les heures suivantes, la Nouvelle Association des bars du Québec (NABQ) remercie le ministre et son directeur de la santé publique d’avoir «rapidement pris la situation en main quant aux débordements observés dans certains établissements».

Plus encore, son président, Pierre Thibault, dit appuyer «la volonté du ministre de sanctionner les fautifs».

Il offre sa collaboration aux instances gouvernementales pour partager l’expérience de ses membres «quant à l’implantation des mesures de distanciation sociale dans les bars et des sanctions efficaces pour dissuader les établissements récalcitrants».