QUÉBEC — Pourquoi autant de nouveaux cas de COVID-19 au Québec? François Legault et les partis d’opposition ont osé, mardi, deux explications bien différentes.
Le premier ministre est d’avis que le Québec n’a pu échapper à une deuxième vague mondiale, tandis que les oppositions prétendent que la gestion du gouvernement a été si mauvaise que la confiance des Québécois s’est effritée, au point où certains tendent désormais vers la désobéissance civile.
Le Québec a déploré mardi 19 nouveaux décès liés à la COVID-19, alors que 963 nouveaux cas d’infection sont signalés. Le total des décès s’élève maintenant à 6172, comparativement à 3103 en Ontario.
«Il faut à tout prix que le premier ministre se ressaisisse. Il en va maintenant de la paix sociale au Québec», a prévenu la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, au moment où quelque 200 centres de conditionnement physique, de yoga et de danse s’apprêtent à défier le gouvernement et rouvrir leurs portes malgré les restrictions liées à la COVID-19.
Les partis d’opposition ont fait front commun, mardi, pour critiquer la gestion du gouvernement Legault. Ils estiment que le gouvernement s’est mal préparé pour la deuxième vague, qu’il a été incapable de justifier ses décisions, et que celles-ci ont manqué de cohérence. Résultat: la confiance des Québécois est au point de rupture.
Selon Québec solidaire (QS), les Québécois ne sont pas prêts à suivre aveuglément les consignes. Ils ne comprennent pas, par exemple, pourquoi l’abattoir d’Olymel de Vallée-Jonction, qui compte une centaine de cas de COVID-19 et un décès, demeure ouvert, alors que les musées et les cinémas, eux, sont fermés.
«C’est quoi la logique? s’est demandé la co-porte-parole de QS, Manon Massé. Vous savez, les montagnes russes, ça finit par donner mal au coeur. Je comprends qu’il y a des gens qui sont complètement en train de décrocher, qui ne savent plus où donner de la tête.»
Afin de restaurer le lien de confiance avec la population, le gouvernement devrait inviter dans sa cellule de crise un «observateur indépendant scientifique», propose de son côté le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon. Pour le moment, la cellule de crise gouvernementale est essentiellement composée de «personnel politique partisan spécialisé en communications», a-t-il souligné.
Legault s’en prend aux oppositions «irresponsables»
Contrairement à ce qu’affirment les oppositions, les Québécois sont bien informés — ils connaissent le nombre de cas, d’hospitalisations et de décès dans chaque région, a insisté M. Legault lors de la période des questions à l’Assemblée nationale. «(Ils) comprennent que les gyms, ça amène des risques de contacts», a-t-il illustré.
Le premier ministre a comparé le Québec (113 cas par million d’habitants) aux États-Unis (200 cas par million d’habitants), puis au Royaume-Uni (300 cas par million d’habitants) et à la France (400 cas par million d’habitants), ce qui démontre, selon lui, que le Québec est «en avant des autres».
Il a toutefois annoncé lundi que la période de restrictions serait prolongée pour quatre semaines, jusqu’au 23 novembre, avec un possible assouplissement dans deux semaines, selon l’évolution de la situation. «On essaie de peser les pours et les contres, et de prendre les moins pires décisions», s’est-il défendu mardi.
Si la deuxième vague est forte, c’est peut-être parce qu’elle cache une troisième vague, a-t-il avancé. «Je pense que la vague, on le voit entre autres en France, c’est comme si on a réussi à mater la vague qui était commencée, mais il y en a comme une autre. Est-ce que c’est une troisième ou une 2.b ou je ne sais trop, mais on voit que c’est fort, l’augmentation de la propagation du virus.»
À ses yeux, les partis d’opposition sont «irresponsables» lorsqu’ils critiquent le gouvernement et embrouillent le message. Il en appelle à leur «sens des responsabilités». Mais finalement, a-t-il raisonné, «c’est un peu le propre des oppositions de s’opposer».