MONTRÉAL — La situation à Montréal se stabilise, tant quant au nombre de cas d’infection à la COVID-19 qu’au nombre de personnes hospitalisées, a souligné avec soulagement la Santé publique de la métropole.
Les efforts semblent porter fruit, et la ville «progresse dans la bonne direction», a déclaré en conférence de presse mercredi la directrice régionale de santé publique de Montréal, Dre Mylène Drouin.
«On voit clairement que l’importante hausse épidémiologique que l’on voyait depuis le début septembre s’est transformée en un plateau qui se maintient depuis deux semaines.»
Mais pour l’instant, il n’est toutefois pas question pour les Montréalais de sortir de la zone rouge et revoir la couleur orange. Il faudra constater une diminution du nombre de cas, entre autres, et pendant une certaine période, avant de la considérer, dit-elle.
Montréal a recensé 1725 cas d’infection en une semaine, ce qui correspond à une moyenne quotidienne de 245 cas.
Il ne faut pas baisser les bras, dit-elle, car bien que la stabilisation des cas soit encourageante, elle veut voir les chiffres chuter.
Le réseau de santé a encore une marge de manoeuvre, a ajouté la Dre Drouin.
Il y a 140 personnes hospitalisées présentement pour des complications liées à la COVID-19, dont 36 aux soins intensifs. Une situation à peu près équivalente à celle d’il y a deux semaines, a comparé Sonia Bélanger, présidente-directrice générale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. La capacité de la région montréalaise est de 1000 lits, dont 150 en soins intensifs.
La Direction régionale de santé publique de Montréal gère actuellement plus de 200 éclosions actives.
Cinq quartiers de Montréal sont qualifiés de «chauds»: Parc-Extension, Snowdon, Saint-Laurent, Pointe-Saint-Charles et Côte-des-Neiges.
Dre Drouin ne peut identifier une cause unique expliquant pourquoi ces quartiers sont plus frappés que d’autres. Mais elle rappelle plusieurs facteurs liés aux inégalités sociales en santé, et certains «aspects ethnoculturels»: notamment en raison de la diversité des langues parlées dans ces secteurs, elle avance que les messages de santé publique ne se rendent peut-être pas aussi bien qu’ailleurs. Elle a ajouté qu’il est plus difficile de respecter les consignes sanitaires — par exemple, s’isoler si on est infecté — lorsque l’on partage à plusieurs un petit appartement.
Dre Drouin s’inquiète aussi d’avoir constaté une baisse importante du nombre de personnes allant se faire dépister. Elle encourage les Montréalais à se faire tester s’ils ont des symptômes, ont été en contact avec des personnes infectées ou se sont trouvés dans un milieu d’éclosion. Il est normal qu’il y ait moins de cas positifs à la COVID-19, dit-elle, puisque les restaurants sont fermés ainsi que bien des activités depuis le début octobre — ce qui a diminué les contacts sociaux — mais le taux de positivité est encore élevé.
La chaîne de transmission n’est pas coupée, juge-t-elle.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a qualifié les nouvelles de «rassurantes». Elle dit «merci» aux Montréalais.
Les jeunes
Dre Drouin se préoccupe toutefois de la santé mentale des jeunes Montréalais.
Selon une analyse publiée mercredi par la Direction régionale de santé publique de Montréal, 46 % de ceux âgés entre 18 et 24 ans affirment ressentir des symptômes compatibles avec l’anxiété généralisée ou à la dépression majeure.
Bref, ils sont plus touchés que les autres groupes d’âge et plus que les jeunes ailleurs au Québec, où ils sont 31 % à rapporter les mêmes symptômes.
Ces données ont été obtenues par un panel-web réalisé dans la première moitié du mois de septembre par la firme Léger, pour un projet de recherche de l’Université de Sherbrooke.
De plus, selon une série de sondages en ligne réalisés au printemps (cette fois en avril et en mai), le tiers des jeunes de 18 à 29 ans avaient indiqué avoir perdu leur emploi et près d’un sur quatre, soit 23 %, rapportait que son foyer avait subi des pertes financières «majeures» en lien avec la pandémie.
Les sans-abri
La mairesse Plante s’inquiète de son côté pour les sans-abris. Pour les aider à traverser l’automne et l’hiver, elle a annoncé ajouter 700 lits pour eux dans des refuges, des navettes pour les emmener dans ceux qui ont encore de la place, des abris-chaleur et promet de bonifier l’offre de services dans les centres de jour.
Il y a de plus en plus de gens dans une situation précaire, a-t-elle commenté, disant vouloir éviter qu’ils restent dehors dans des tentes alors que le mercure est en chute libre.