COVID-19: Legault prévient que le déconfinement se fera «graduellement»

QUÉBEC — Le mot «graduellement» sera sans aucun doute un des mots-clés des prochains mois au Québec.

Le premier ministre François Legault l’a scandé à maintes reprises et sur tous les tons mardi: le déconfinement de l’économie québécoise, des écoles et des garderies se fera graduellement.

Pas question, par exemple, de voir un million d’enfants retourner sur les bancs d’école le même jour, risquant ainsi de provoquer une deuxième vague de propagation de la COVID-19, peut-être encore plus destructrice que la première.

Alors qu’il s’agisse des écoles, des garderies, des commerces ou des industries, on procédera prudemment, étape par étape. Dans certains cas par secteur d’activités, dans d’autres par région. Mais dans tous les cas: graduellement.

Le gouvernement n’est toujours pas prêt à rendre public son scénario de déconfinement progressif, n’ayant pas encore obtenu l’aval de la santé publique, a indiqué mardi le premier ministre, durant sa conférence de presse quotidienne sur le sujet.

Il faudra donc patienter encore quelques jours avant d’en savoir davantage.

Même si la date du retour en classe n’est pas encore arrêtée, on a pu apprendre que les élèves ne seront pas sur les bancs d’école du début juillet jusqu’à la mi-août.

«Comment on va rouvrir graduellement l’économie, les écoles, les services de garde? Le mot important, c’est le mot « graduel ». On veut être bien sûr de continuer à avoir une stabilité» de la courbe de propagation, a commenté le premier ministre, qui dit ne rien vouloir précipiter.

Si dans l’ensemble du Québec, la situation s’annonce plutôt stable, c’est loin d’être le cas dans les résidences pour personnes âgées.

Aînés: le grand défi

Mardi midi, le Québec comptait un total de 1041 décès depuis le début de la crise sanitaire, dont 102 en une seule journée.

Du total, la grande majorité, soit 850 personnes, sont décédées dans des résidences pour aînés. C’est donc là que le gouvernement concentre son action. 

À court terme, «le grand défi» du gouvernement consiste à reprendre le contrôle de la propagation agressive du virus dans les lieux d’hébergement des personnes âgées.

Au total, il y a des cas confirmés de COVID-19 dans quelque 300 résidences pour aînés. Et on estime que la situation est «plus difficile» dans 80 de ces établissements pour aînés, privés et publics.

L’appel du premier ministre lancé il y a quelques jours en vue de recruter des gens prêts à combler la pénurie de 2000 préposés aux bénéficiaires dans ces résidences a été entendu.

Pour les prochaines semaines, du moins, la moitié de ces postes était comblée lundi, et tout le personnel requis devrait être présent sur les lieux dès mercredi, selon M. Legault.

Cet afflux de personnel a été rendu possible grâce au redéploiement de médecins, infirmières et autres professionnels de la santé ayant accepté de prêter main-forte en cette période de crise sanitaire.

Le Québec comptait mardi midi 20 126 cas confirmés de COVID-19.

Ouvrir les salles d’opération

Le gouvernement envisage par ailleurs de rouvrir «graduellement» les salles d’opération des hôpitaux à la moitié de leur capacité plus tôt que prévu.

Le but visé: permettre à certains médecins spécialistes de reprendre une partie de leurs activités, interrompues depuis plus d’un mois.

Depuis quelques jours, plusieurs regroupements de médecins spécialistes sortent publiquement pour afficher leur inquiétude de voir l’état de leurs patients se détériorer si le report des chirurgies se prolonge.

Lundi, le gouvernement décrétait que toute chirurgie non urgente devait être reportée, pour permettre aux médecins spécialistes de donner un coup de main dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) frappés par le virus, au cours des deux prochaines semaines.

Le premier ministre se dit persuadé que la situation se sera stabilisée dans deux semaines et que les médecins spécialistes pourront retourner à l’hôpital reprendre leurs activités normales. 

«On est capables de rouvrir un petit peu», a dit la ministre de la Santé, Danielle McCann, reconnaissant qu’une situation semi-urgente pouvait devenir urgente la semaine suivante.