OTTAWA — Les étudiants pourront demander leur prestation canadienne d’urgence dès vendredi. Et malgré les promesses du gouvernement libéral à l’opposition conservatrice et bloquiste, la PCUE sera livrée comme elle a été imaginée au départ.
Cette PCUE offrira donc 1250 $ par mois aux étudiants qui n’auront pas réussi à trouver un emploi d’été pour financer la suite de leurs études postsecondaires ou qui sont récemment diplômés. Les étudiants y auront droit même s’ils gagnent jusqu’à 1000 $ par mois durant l’été.
En faisant leur demande, les étudiants seront dirigés vers un portail où seront affichés des emplois disponibles. C’est là la seule concession que le gouvernement a consentie à l’opposition conservatrice qui s’inquiétait de voir les étudiants préférer recevoir de l’argent sans rien faire.
«On ne va pas obliger les étudiants à prendre un certain emploi, mais ils doivent affirmer avec leur application (…) qu’ils cherchent activement un travail», a indiqué la ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough, lors d’une conférence de presse, mercredi après-midi.
La ministre a promis de «surveiller la situation», mais pas question dans un «avenir rapproché» de changer la règle des 1000 $ au-delà desquels l’étudiant n’aurait plus le droit à la PCUE.
Le Bloc québécois continue de réclamer que la prestation soit ajustée en fonction des gains, pour inciter au travail.
Aux Communes, durant la période hebdomadaire à laquelle se présentent en personne un petit groupe d’élus, le chef bloquiste Yves-François Blanchet est revenu sur la question, sans obtenir une réponse directe du premier ministre.
«En faisant cette application, ils vont tous être dirigés aussi vers une banque d’emplois que nous avions mise sur pied pour s’assurer qu’ils sachent quels sont les emplois disponibles. (…) Je sais qu’on va pouvoir compter sur les jeunes», a dit Justin Trudeau.
Comme pour la PCU, l’enregistrement des demandes des étudiants universitaires se fera sur quatre jours, à partir de vendredi, et selon le mois de naissance. Les étudiants des cégeps et les finissants des écoles secondaires pourront faire leurs demandes lorsque leur année scolaire sera finie.
Le gouvernement calcule qu’un million d’étudiants recevront la PCUE pendant deux, trois ou quatre mois.
Une autre aide aux entreprises
Ils sont maintenant 2 millions de travailleurs canadiens dans 120 000 entreprises à profiter de la subvention salariale d’urgence qui fournit 75 % du salaire d’un employé, avec un plafond de 847 $ par semaine.
Aux entreprises qui ne se qualifient pas pour cette subvention, le premier ministre Trudeau propose de se tourner vers le Fonds d’aide et de relance régionale (FARR), qui peut distribuer 962 millions $ «pour aider les petits employeurs dans les régions rurales ou ceux qui oeuvrent dans l’industrie du tourisme ou les industries saisonnières».
La part du Québec de ce FARR s’élève à 211 millions $.
«Si vous êtes tombés entre les mailles du filet, si en tant qu’entrepreneur (…), vous n’avez pas accès à la subvention salariale ou au prêt de 40 000 $ qui est disponible pour les PME, venez nous voir. Venez parler avec votre agence de développement économique parce qu’on va vouloir vous aider», a renchéri la ministre du Développement économique, Mélanie Joly, lorsqu’elle s’est présentée à son tour devant les journalistes.
Situation dans les CHSLD
Les néo-démocrates croient que la solution pour les CHSLD passe par une loi fédérale. Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, veut imposer «une garantie de soins» et des «standards nationaux».
Sans surprise, les bloquistes rejettent cette idée. Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, rappelle qu’il est question ici de compétence provinciale.
«On a des tentations de se mettre le nez dans ce qui n’est pas de nos affaires (…). Le travail du fédéral, de façon très claire, c’est de respecter son obligation et d’augmenter les transferts en santé aux provinces et au Québec. Plus d’argent et de façon permanente», a exigé M. Blanchet.
Le premier ministre Trudeau a, jusqu’à maintenant, assuré qu’il respecte la compétence provinciale en matière de santé et a promis d’aider les provinces à «relever les défis» des CHSLD, sans préciser de quelle manière.
Mercredi, il n’avait pas plus de détails à offrir, lors de son point de presse.
«Nous nous devons de faire les choses nécessaires maintenant pour aider dans les CHSLD, et c’est ce qu’on est en train de faire, et c’est ce sur quoi on est en train de se concentrer. Mais effectivement, dans les mois et même les années à venir, nous allons devoir (nous) pencher sur la situation de nos aînés à travers le pays et améliorer les systèmes qui les appuient. Le fédéral aura son rôle à jouer, mais nous allons le faire en collaboration et dans le respect des compétences des provinces», a-t-il répété encore une fois.
Aux Communes, quelques minutes plus tard, il faisait la leçon aux néo-démocrates.
«Peut-être que le fait que le NPD n’a plus beaucoup de sièges au Québec lui a fait oublier l’importance de respecter la Constitution et les compétences des gouvernements provinciaux et fédéral», a-t-il dit en anglais.
M. Blanchet a alors réclamé, sans succès, que M. Trudeau répète ses propos en français. «S’il-vous-plait, offrez cette musique à mon oreille!», lui a-t-il lancé.
Nombre de cas
Il y a eu plus de 1 169 000 tests administrés au Canada jusqu’à maintenant. Environ 6 % d’entre eux ont détecté la maladie.
Jusqu’à maintenant, on a recensé 72 278 cas confirmés ou probables dans l’ensemble du pays. La COVID-19 a provoqué la mort de 5301 Canadiens.
Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux et territoriaux: 39 931 cas au Québec, dont 3220 décès; 21 236 cas en Ontario, dont 1765 décès; 6407 cas en Alberta, dont 120 décès; 2376 cas en Colombie-Britannique, dont 132 décès; 1024 cas en Nouvelle-Écosse, dont 51 décès; 577 cas en Saskatchewan, dont six décès; 290 cas au Manitoba, dont sept décès; 261 cas à Terre-Neuve-et-Labrador, dont trois décès; 120 cas au Nouveau-Brunswick, dont 118 guéris; 27 cas à l’Île-du-Prince-Édouard, tous guéris; 11 cas au Yukon, tous guéris; cinq cas dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; aucun cas au Nunavut.
À ces bilans provinciaux et territoriaux s’ajoutent les 13 cas, tous guéris, chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.