COVID-19: les infirmières ont besoin de repos et de vacances, dit la FIQ

MONTRÉAL — La FIQ demande au gouvernement Legault et aux employeurs dans la santé de permettre aux infirmières de prendre des vacances et d’appliquer «de façon plus humaine» l’arrêté ministériel qui permet de déplacer du personnel.

Au cours d’une conférence de presse jeudi, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé, Nancy Bédard, épaulée par sept présidents de syndicats de professionnels en soins de différentes régions, ont rapporté que plusieurs de leurs membres s’étaient fait dire que leurs vacances prévues cet été étaient reportées à une date indéterminée.

Or, les infirmières auxiliaires et infirmières travaillent sans relâche depuis le début de la pandémie de coronavirus, font souvent des heures supplémentaires, travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et elles ont besoin de repos, ont plaidé ces dirigeants syndicaux.

«Elles ne savent plus quand ni comment elles pourront avoir droit à un peu de repos», a résumé Mme Bédard.

«On ne permet pas aux anges de se reposer. On donne sans compter, plus que jamais, et on en demande encore», a lancé Sophie Séguin, présidente du Syndicat des professionnelles en soins des Cantons de l’Est.

La FIQ a reçu 750 témoignages d’infirmières, infirmières auxiliaires et autres «qui relatent beaucoup, beaucoup de difficultés», relate Mme Bédard: des communications incohérentes, encore du manque de matériel, du manque de personnel, de la peur d’être contaminées, etc.

«Tout le monde est à bout. Les démissions sont en train d’augmenter», a rapporté Francine Savoie, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Ouest.

Mme Bédard demande donc au gouvernement Legault et aux employeurs dans la santé de permettre aux professionnelles en soins de prendre leurs vacances.

Sinon, elles tomberont au combat. D’ailleurs, plusieurs pensent même à démissionner, ont rapporté ces représentants syndicaux.

Legault répond

Interrogé à ce sujet lors de sa conférence de presse quotidienne sur la situation de la pandémie, le premier ministre François Legault a dit comprendre la lassitude des infirmières et laissé entendre qu’il faisait ce qu’il pouvait avec le personnel dont il dispose pour remplacer les absents dans le réseau de la santé.

«On comprend que vous voulez prendre des vacances bien méritées. Il s’agit juste qu’on travaille ensemble pour la suite des choses», a-t-il répondu.

Il a précisé qu’il y avait toujours 10 500 personnes absentes dans le réseau et que 7200 personnes avaient été trouvées pour donner un coup de pouce, grâce au site «je contribue».

De même, 1200 étudiants et enseignants se sont ajoutés dans les établissements de santé, avec 241 soldats. Et 276 autres soldats s’ajouteront bientôt.

Le premier ministre a relevé que 120 médecins, infirmières et préposés aux bénéficiaires avaient également été déplacés des hôpitaux vers les CHSLD, par exemple, puisqu’il y avait moins d’activités dans les hôpitaux et plus de besoins dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée.

Conséquences de l’arrêté ministériel

Mme Bédard demande aussi au gouvernement d’appliquer «de façon humaine, bienveillante» l’arrêté ministériel qui permet de déplacer du personnel d’un établissement à l’autre, d’une unité de soins à l’autre, même contre son gré.

Certaines ont rapporté avoir été dépêchées dans des établissements où elles n’avaient jamais mis les pieds avant, sans être jumelées à une autre employée, sans connaître les codes de l’ordinateur, prises pour se débrouiller comme elles le pouvaient pour prendre soin des patients.

«Nous ne sommes pas des robots», a lancé Mme Savoie.

«La volonté des professionnelles en soins, c’est d’être là, de pouvoir soigner encore. Il faut prendre soin des soignantes, s’assurer qu’elles pourront avoir des périodes de repos pour se regénérer et être au combat. Il y a des humains derrière ces masques», a conclu Nancy Bédard.