MONTRÉAL — Les personnes obèses pourraient être plus susceptibles de souffrir de complications causées par les attaques de la COVID-19 sur leur système.
Depuis le début de la pandémie, les autorités de santé publique au Québec répètent que les personnes âgées sont les plus vulnérables. De fait, la très grande majorité des personnes décédées de la COVID-19 au Québec avaient plus de 70 ans.
Mais d’autres Québécois sont aussi plus à risque.
C’est le cas de ceux qui souffrent de certaines conditions médicales chroniques et de ceux qui ont un système immunitaire plus faible.
Et puis, le 3 avril dernier, alors que les décès au Québec étaient relevés chez les plus âgés, une première personne de moins de 40 ans est morte de la COVID-19.
Selon le directeur national de la Santé publique, Horacio Arruda, elle présentait des facteurs de risque associés à un surpoids.
Statistique Canada a récemment effectué un relevé des personnes infectées par le nouveau coronavirus. Il a été noté que chez celles les plus durement touchées, et qui ont ainsi dû être hospitalisées, les problèmes de santé préexistants les plus fréquemment observés étaient les maladies respiratoires, les maladies cardiaques et le diabète.
Or, l’obésité est souvent associée à ces maladies.
Une étude systématique de la littérature clinique menée récemment par Santé Canada a permis d’établir des liens entre l’obésité et l’incidence du diabète de type 2, l’asthme et les maladies cardiovasculaires (hypertension, AVC, insuffisance cardiaque congestive et coronaropathies).
C’est le cas, notamment, parce qu’une personne obèse peut avoir plus de difficulté à respirer, alors que la COVID-19 touche principalement le système respiratoire, causant notamment des pneumonies.
Les fonctions respiratoires d’une personne obèse sont affectées, a expliqué en entrevue la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste infectiologue au CHUM et professeure titulaire au Département de microbiologie (infectiologie et immunologie) à l’Université de Montréal. «Ses poumons ne vont pas s’expandre aussi facilement, ils ne vont pas ventiler aussi facilement.»
Ces patients peuvent être ainsi moins bien armés lorsqu’ils se retrouvent en détresse respiratoire.
Il y a des indications d’association entre l’obésité et la COVID-19, souligne la docteure.
Elle insiste toutefois sur une distinction: l’obésité ne met pas les personnes obèses plus à risque d’être contaminées par le virus, mais elles semblent être plus à risque de vivre des complications importantes.
Toutefois, la spécialiste estime qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions fermes.
«On n’a pas encore beaucoup d’information», souligne Dre Tremblay. Il n’y a pas encore d’analyse multivariée, qui va analyser tous les cas et toutes les conditions médicales des personnes qui ont perdu la vie, prévient-elle.
Pour l’instant, les données à ce sujet proviennent surtout des États-Unis, dit-elle, et elles semblent indiquer que l’obésité est un facteur contributif.
Le Center for Disease Control (CDC) des États-Unis inclut l’obésité dans les facteurs de risque de cette maladie, tout comme la France.
Au Canada, 63 % des Canadiens étaient considérés comme obèses ou en embonpoint en 2018.
La proportion des adultes obèses au Québec était toutefois inférieure à la moyenne canadienne (25 % contre 27 %).