Les Albertains sont convoqués aux urnes le 29 mai pour la 31e élection générale

CALGARY — La campagne électorale en Alberta est officiellement lancée.

Le directeur général des élections, Glen Resler, a annoncé lundi que les Albertains se rendraient aux urnes le 29 mai pour la 31e élection générale de la province.

La cheffe du Parti conservateur uni (PCU), Danielle Smith, et la cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), Rachel Notley, ont toutes deux lancé leur campagne lundi à Calgary.

Cette métropole albertaine devrait être décisive pour l’issue de ce scrutin: les sondages suggèrent en effet que le NPD de Mme Notley pourrait répéter sa domination dans l’autre métropole, Edmonton, alors que les conservateurs de Mme Smith pourraient conserver les zones rurales et les petits centres urbains. L’issue du scrutin provincial pourrait donc se jouer dans le grand Calgary. 

Le NPD doit remporter la plupart des 26 sièges à Calgary, traditionnellement acquis aux conservateurs, pour compenser les victoires attendues du PCU ailleurs en Alberta.

Les deux partis font campagne officieusement depuis des semaines, et les deux cheffes ont participé en fin de semaine déjà à des rassemblements — le NPD a même déjà lancé sa chanson thème de campagne.

Mme Smith a lancé la campagne du PCU en promettant qu’un gouvernement conservateur créerait un nouveau taux marginal d’imposition, de 8 %, pour les Albertains qui gagnent moins de 60 000 $ par année. Elle a soutenu que cette mesure permettrait aussi aux Albertains qui gagnent plus de 60 000 $ d’économiser 760 $ par année. Les Albertains qui gagnent moins de 60 000 $ paieraient 20 % de moins d’impôt, selon Mme Smith.

Lors du lancement de la campagne néo-démocrate, lundi au centre-ville de Calgary, Mme Notley a déclaré que le NPD se concentrait sur la protection des soins de santé et de l’éducation, tout en créant des emplois et en rendant la vie plus abordable pour les Albertains.

Elle a déclaré que Mme Smith dira aux Albertains tout ce qu’ils veulent entendre, «et puis elle ira de l’avant et elle fera ce que bon lui semble — privatiser vos soins de santé, jouer avec vos pensions, flatter les extrémistes». 

Une course à deux

On s’attend à assister en Alberta à une «course à deux» entre le PCU et le NPD, aucun autre parti ne détenant actuellement de sièges à l’Assemblée législative. Les libéraux, le Parti de l’Alberta et les Verts devront batailler ferme pour sortir des marges.

Le PCU et le NPD font tous deux campagne pour la stabilité économique, promettant des règles pour que les coffres de l’État soient renfloués par la manne pétrolière, tout en finançant entièrement l’éducation et en améliorant le système de santé.

Ce serait un chemin sur la corde raide vers la victoire pour Mme Notley, qui cherche à devenir la première cheffe albertaine à reprendre le pouvoir après un hiatus d’un mandat. 

Mme Notley avait mené son parti à une victoire surprenante en 2015 – la première pour le NPD en Alberta –, bénéficiant d’une division du vote de droite entre les progressistes-conservateurs et le Parti Wildrose. Mais les deux partis de droite se sont unis ensuite pour former le PCU et ils ont été élus en 2019, sous la direction de Jason Kenney, ancien ministre fédéral de Stephen Harper.

Mme Smith a prévenu les électeurs qu’un deuxième gouvernement Notley signifierait le retour des hausses d’impôts et des augmentations de dépenses, même si les cours du pétrole étaient bas pendant le mandat du NPD. Ce gouvernement a affiché des déficits budgétaires de plusieurs milliards de dollars et une dette soutenue.

Or, cette chute des prix du pétrole pendant les années Notley a fait place à un boom pétrolier sous le PCU, ce qui a permis à Mme Smith d’augmenter les dépenses pratiquement à tous les niveaux dans le budget de février dernier, tout en dégageant un excédent de 2,4 milliards $. 

Controverses

Mais le PCU traîne aussi des casseroles sous Mme Smith et son prédécesseur.

Sous M. Kenney, le parti a déclaré la guerre aux travailleurs de la santé, en déchirant l’accord-cadre de travail avec les médecins et en demandant des réductions de salaire aux infirmières en pleine pandémie. Le gouvernement Kenney a aussi limogé le responsable des élections qui enquêtait sur le parti.

Pendant la pandémie, M. Kenney a aussi soulevé la colère de l’extrême droite de son parti avec des mesures de vaccination obligatoire et des restrictions sanitaires, ce qui a conduit à un soulèvement des membres de cette coalition de droite. Les militants ont finalement forcé M. Kenney à tirer sa révérence l’automne dernier, après un vote de confiance timide de 51 %.

Entre alors en scène Danielle Smith, une ancienne cheffe du Parti Wildrose devenue animatrice à la radio — et une ardente militante «anti-vax». Elle a remis en question les données probantes de la science et a soulevé une controverse lorsqu’elle a déclaré que les patients atteints d’un cancer à un stade précoce devaient assumer la responsabilité de leur maladie.

Une fois élue cheffe du PCU et devenue première ministre, elle a limogé le conseil d’administration des Services de santé de l’Alberta et la médecin-hygiéniste en chef, les blâmant pour les hôpitaux débordés pendant la pandémie. Elle a qualifié les personnes non vaccinées contre la COVID-19 de «groupe le plus discriminé qu’elle ait jamais vu de toute sa vie».

Plus récemment, elle a été critiquée pour avoir joué un rôle actif dans une affaire judiciaire concernant des violations aux mesures sanitaires liées à la COVID-19. Elle avait exhorté les autorités judiciaires à se demander s’il valait vraiment la peine de poursuivre. 

La commissaire provinciale à l’éthique enquête également sur un appel téléphonique au cours duquel Mme Smith offre d’aider un accusé dans le cadre de son procès criminel lié à un blocus frontalier contre les mesures pandémiques.

Le directeur général des élections, Glen Resler, a indiqué lundi que près de 20 000 employés électoraux sont en cours de recrutement pour organiser des scrutins dans les 87 circonscriptions de l’Alberta.

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