TORONTO — Des centaines d’enseignants du primaire en Ontario troqueront leur tableau pour un clavier à compter de la semaine prochaine, alors que le plus grand conseil scolaire du Canada s’adapte à l’explosion des inscriptions pour l’enseignement en ligne.
Le Conseil scolaire du district de Toronto prévoit réaffecter environ 570 enseignants à sa plateforme «École virtuelle», car il veut s’assurer que tous les élèves qui suivent des cours en ligne ont accès à un enseignant à temps plein, a déclaré mercredi un porte-parole.
Plus de 63 000 élèves du primaire ont opté pour l’apprentissage virtuel cette année, selon un communiqué que le conseil a envoyé aux parents mardi. Beaucoup n’ont toujours pas d’enseignant, mais ils apprennent plutôt grâce à du matériel «asynchrone» fourni par le conseil.
«En même temps, nous avons également des classes nettement moins nombreuses dans nos écoles en personne ou nos écoles traditionnelles», a souligné le porte-parole Ryan Bird, ajoutant que certaines classes conçues pour 24 élèves en ont que huit ou dix.
«Je reconnais que c’est l’idéal pour la distanciation physique, mais (…) nous n’avons tout simplement pas assez d’argent pour être en mesure de les pourvoir en personnel pour le reste de l’année.»
M. Bird a précisé que ces classes seront «regroupées» avec d’autres, sans dépasser les objectifs du conseil en matière de taille des classes: 24 élèves dans les deux niveaux de maternelle, 20 élèves de la première à la troisième année et 27 de la quatrième à la huitième année. Dans certaines communautés à risque, les cibles sont moins élevées: 15 élèves dans les deux niveaux de la maternelle et 20 de la première à la huitième année.
Étant donné que la réorganisation amènera les élèves à interagir avec de nouvelles «cohortes», le conseil a annoncé qu’il prendrait également un certain nombre de mesures pour empêcher la propagation de la COVID-19, notamment un nettoyage amélioré et la conservation d’informations pour la recherche des contacts.
M. Bird a indiqué que la majorité des écoles primaires ne verront pas de changements importants; mais une poignée d’entre elles perdra plus de quatre enseignants.
Un résumé détaillé des changements n’était pas accessible mercredi, car le conseil était encore en train de parler aux parents de l’impact de ceux-ci sur les écoles de leurs enfants, a affirmé M. Bird.
Les parents et le syndicat déçus
Lisa Parker, responsable d’un groupe de parents du nord de Toronto, a relaté que deux enseignants de l’école de son fils étaient en train de passer à l’apprentissage en ligne. En conséquence, a-t-elle déclaré, des dizaines d’élèves devront changer de classe, travailler avec un nouvel enseignant et interagir avec de nouvelles cohortes après seulement deux semaines de stabilité relative.
«Ils commencent tout juste à se sentir normaux, les choses reviennent à la normale et maintenant, un autre bouleversement», s’est désolée Mme Parker, présidente de l’Allenby Parents ‘Association.
Selon le syndicat local des enseignants, ce changement démontre que le ministère de l’Éducation n’a pas pris les mesures appropriées au début de la pandémie.
«Le gouvernement a mis en place des (mesures) vouées à l’échec. Il n’a pas financé une rentrée scolaire convenable. Il n’a pas fait ses devoirs», a déploré Jennifer Brown, présidente du syndicat Elementary Teachers of Toronto.
Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, a déclaré mercredi que la province fournissait aux conseils scolaires le financement dont ils ont besoin pour offrir en toute sécurité une «expérience éducative de qualité» à tous les élèves, mentionnant les quelque 12 millions $ versés cette semaine aux conseils scolaires de Toronto.
«Notre engagement est simplement de faire tout ce que nous pouvons pour assurer leur réussite», a déclaré le ministre Lecce aux journalistes.
«C’est pourquoi nous avons accordé (aux conseils) plus de financement pour pourvoir les écoles en personnel et également pour renforcer leur expérience d’apprentissage virtuel.»