À la première journée des audiences publiques du coroner sur le décès de Norah, Romy et Martin Carpentier, lundi, la mère des deux filles, Amélie Lemieux, a admis qu’encore aujourd’hui, elle ne trouve aucune explication au drame.
«Je ne me l’explique pas», a-t-elle répondu au coroner Luc Malouin, qui l’a questionnée à ce sujet.
Le soir du 8 juillet 2020, la voiture du père, Martin Carpentier, avait été retrouvée accidentée sur l’autoroute, mais personne ne se trouvait à l’intérieur.
Arrivée sur place, Mme Lemieux avait dit aux policiers que «Martin ne sortira pas du bois», qu’il «a peur» et que «ça ne lui ressemble pas» d’agir ainsi.
Mme Lemieux, pleurant à chaudes larmes durant son témoignage, a relaté qu’elle voyait Martin Carpentier comme un bon père à l’époque. Lorsqu’elle entendait parler de cas d’enlèvement d’enfants dans les médias, elle considérait qu’elle était la dernière personne à qui cela pouvait arriver, puisque Martin Carpentier aimait tant Norah et Romy.
Une attitude dépressive
D’autres témoins ont apporté un autre éclairage sur le comportement de Martin Carpentier, un homme auparavant gentil, calme, pas dangereux et qui parlait peu.
Ainsi, son collègue de travail et ami Keven Lemieux a dépeint Martin Carpentier comme un homme qui était plus fatigué dans les premiers mois de 2020 et qui avait de la difficulté à prendre des décisions. Martin Carpentier avait une «attitude dépressive», a rapporté le témoin.
Durant le mois qui a précédé les décès, il lui a carrément demandé s’il avait des idées suicidaires. Et Martin Carpentier a répondu «non».
Martin Carpentier était également «stressé» par les procédures de divorce qu’il avait entamées, puisqu’il avait une nouvelle conjointe et voulait se remarier et acheter une maison avec elle. Il lui fallait donc divorcer officiellement et il craignait alors de perdre la garde de ses enfants, a relaté le collègue et ami.
La conjointe de Martin Carpentier à l’époque, qu’on ne peut nommer en vertu d’une ordonnance de non-publication, a confirmé que Martin Carpentier avait entamé des procédures de divorce et qu’il n’en avait jamais parlé à la mère de Norah et Romy.
Et ces procédures ont coïncidé avec l’époque où il s’est mis à s’inquiéter encore davantage de perdre la garde de ses enfants. Il avait une garde partagée avec leur mère.
Elle aussi relate toute l’importance qu’avaient ses filles pour Martin Carpentier, au point où il manquait de temps pour le couple qu’il formait avec elle. «Sa principale occupation dans sa vie, c’était de passer du temps avec ses enfants.»
La peur de perdre ses enfants était toujours très présente chez Martin Carpentier. Sa conjointe essayait de le rassurer en lui disant qu’il ne pourrait pas perdre la garde de ses enfants, puisqu’il était «un merveilleux père», très présent auprès de ses filles.
Un autre fait a aussi été soulevé lors de ces audiences: Norah avait rencontré son père biologique vers 2019. Martin Carpentier l’avait adoptée au début de sa relation avec Amélie Lemieux.
Que Norah rencontre son père biologique, «ça lui avait fait un petit quelque chose», a relaté la conjointe de Martin Carpentier. Et Norah avait revu ce père biologique plus d’une fois, selon elle.
Les audiences du coroner se dérouleront jusqu’au 1er mars, puis du 13 au 24 mars. Elles visent à faire la lumière sur les causes et les circonstances entourant les trois décès et à formuler, s’il y a lieu, des recommandations pour assurer une meilleure protection de la vie humaine.