Déclin du français et croissance de l’unilinguisme anglais: invitation à la prudence

MONTRÉAL — S’il est vrai que les dernières statistiques démontrent un déclin du français au Québec et au Canada et une croissance de l’unilinguisme anglais au Québec, il faut tout de même rester prudent quant aux conclusions qu’on peut en tirer dès maintenant sur l’utilisation des langues dans l’espace public.

C’est le message qu’a livré jeudi le démographe Jean-Pierre Corbeil, professeur associé de sociologie à l’Université Laval, alors qu’il s’adressait aux participants à un dîner-causerie organisé à l’Université Concordia à Montréal.

Les données rendues publiques par Statistique Canada, le 17 août dernier, ont confirmé la tendance à la baisse observée au Québec depuis 2001. Par exemple, le pourcentage de Québécois parlant principalement le français à la maison est passé de 79 % à 77,5 % depuis 2016.

Le démographe Corbeil a aussi souligné une croissance de 73 000 personnes au Québec, entre 2016 et 2021, qui ne peuvent parler que l’anglais.

«C’est une croissance quand même significative de l’unilinguisme anglais qui a de quoi préoccuper», a-t-il affirmé, ajoutant que ces personnes n’adopteront logiquement pas le français dans l’espace public au Québec.

Malgré tout, il prêche la prudence quant aux conclusions qu’on peut en tirer dès maintenant sur l’usage du français et de l’anglais dans la sphère publique. «La préoccupation principale devrait être la présence et l’examen des dynamiques linguistiques dans l’espace public», croit-il.

Pour connaître ces données, il faudra attendre qu’elles soient disponibles.

«Je recommande fortement de s’éloigner du critère de la langue maternelle, voire même celui de la langue parlée le plus souvent à la maison pour statuer sur l’évolution du français au Québec», a opiné le démographe.

«La présence du français à la maison est un indicateur qui est important, mais il n’est pas suffisant», a-t-il estimé.