Déçus, les chauffeurs de taxi veulent reprendre les moyens de pression

MONTRÉAL — Les chauffeurs de taxi menacent de reprendre bientôt les moyens de pression, déçus qu’ils sont de leur rencontre lundi avec les fonctionnaires du ministère des Transports.

Ils ont avisé mardi qu’ils allaient «monter le ton» et que cela pourrait ressembler aux moyens de pression qu’ils avaient adoptés jusqu’ici, comme des manifestations, causant parfois des ralentissements sur les routes. Ils doivent d’ailleurs faire une annonce à ce sujet mercredi matin.

Mardi en fin d’après-midi, ils étaient encore réunis, de Montréal, de Québec et des régions, pour discuter de la stratégie à adopter dans le contexte.

Le ministre des Transports, François Bonnardel, les a invités à participer aux consultations pour améliorer son projet de loi. «Je suis persuadé qu’on va être capable de trouver, pas juste des pistes de solution, mais d’améliorer cette loi.»

Mais ceux-ci persistent à dire que c’est lui qui refuse d’«entendre la détresse» des chauffeurs de taxi.

Ces chauffeurs protestent contre la déréglementation de l’industrie du taxi annoncée par le ministre. Cette réforme prévoit notamment la fin du contingentement, ce qui entraînera la chute de la valeur des permis de taxi. Des chauffeurs ont payé leur permis 200 000 $.

En revanche, Québec leur verse 250 millions $ en dédommagement pour une deuxième année consécutive — ce que les chauffeurs jugent nettement insuffisant, puisque la valeur totale des permis dépassait le milliard de dollars avant l’arrivée d’Uber.

À Québec, le ministre Bonnardel a refusé de retirer son projet de loi. Il a soutenu que le ministère recevait plusieurs appels de chauffeurs qui voudraient plutôt connaître les modalités de versement des 250 millions $, mais que «l’industrie n’a pas voulu en parler depuis deux semaines».

«Plusieurs chauffeurs me disent « on n’a pas d’informations; on veut être partie prenante des négociations, mais là, c’est extrêmement difficile »», a soutenu le ministre.

«De l’huile sur le feu»

Quand on leur a rapporté ces propos du ministre, les représentants des chauffeurs y ont vu «une manoeuvre claire de division» des chauffeurs, qui ne sert qu’à «jeter de l’huile sur le feu».

Lundi, certains de leurs représentants ont rencontré des fonctionnaires du ministère des Transports durant plusieurs heures, à Montréal, pour leur demander de mener à bien une étude sur les répercussions de cette déréglementation, notamment sur ses coûts sociaux. Ils ont rapporté mardi n’avoir reçu aucune réponse à ce propos.

Ils ont également sollicité une pause de deux semaines dans le cheminement du projet de loi afin de faire place au dialogue. Cette deuxième demande aurait été rejetée, selon le regroupement des chauffeurs.