Démission réclamée pour manquement à l’éthique: l’étau se resserre sur Fitzgibbon

QUÉBEC — L’étau se resserre sur le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, alors que l’opposition accentue la pression pour qu’il quitte le conseil des ministres, en raison de nouvelles allégations de manquements au code d’éthique des parlementaires liées à sa participation dans l’entreprise White Star.

En point de presse d’abord, puis en Chambre, durant la période de questions, mercredi matin, l’opposition libérale, Québec solidaire et le Parti Québécois s’étaient ligués pour bombarder le ministre de questions. Ils ont aussi rappelé que le premier ministre François Legault s’était engagé à faire preuve de «tolérance zéro» pour toute forme de conflit d’intérêts dans son équipe. 

Le ministre Fitzgibbon, qui fait par ailleurs l’objet d’une quatrième enquête en deux ans de la commissaire à l’éthique, a répliqué mercredi en disant qu’il n’était pas question de démissionner, estimant n’avoir rien à se reprocher.

Il réagissait à un reportage des quotidiens de Québecor, publié le jour même, rappelant que M. Fitzgibbon, qui est responsable d’Investissement Québec, avait investi dans un des fonds White Star, et que cette entreprise, installée dans un paradis fiscal, était inscrite au registre des lobbyistes en vue éventuellement d’obtenir l’aide financière d’Investissement Québec. On indiquait aussi qu’en janvier 2019, à Paris, M. Fitzgibbon avait présenté le fondateur de White Star, Éric Martineau-Fortin, au premier ministre François Legault. 

Il n’est pas clair si le premier ministre était ou non au courant des liens entre M. Fitzgibbon et White Star, au moment de la rencontre avec son président. Le quotidien affirme que le porte-parole du premier ministre a soutenu qu’il n’était pas au courant. Mais le ministre a semblé dire le contraire: «Le bureau du premier ministre était au courant de mes investissements» à l’époque, a corrigé M. Fitzgibbon, mercredi, en point de presse. 

En fin de journée, le premier ministre s’est porté à la défense de son ministre de l’Économie, «un atout» pour son gouvernement. Il a contredit ce dernier en affirmant qu’il ignorait alors «qu’il avait un investissement dans l’entreprise» en question.  

M. Fitzgibbon a estimé que Québecor faisait preuve «d’acharnement complet» à son égard. Il a fait valoir que le fonds White Star dans lequel il a investi en 2014 était en processus de liquidation. Il a refusé de dire quelle était la hauteur de sa participation dans White Star.

À plusieurs reprises, la commissaire à l’éthique, Ariane Mignolet, a exigé que le ministre Fitzgibbon se départisse de sa participation dans White Star Capital et dans l’entreprise Immervision, pour se conformer au code d’éthique des parlementaires et se soustraire à tout conflit d’intérêts et à toute apparence de conflits d’intérêts.

En vertu du code d’éthique, un membre du conseil exécutif ne peut détenir d’intérêts dans une entreprise non cotée en Bourse ayant des liens avec le gouvernement.

Mais aux yeux de M. Fitzgibbon, il n’y a «aucun enjeu de code d’éthique» dans les nouvelles allégations et «zéro conflit d’intérêts» dans sa situation.  

«Tassez-le de son siège! Ça urge!», a lancé la chef parlementaire de Québec solidaire, Manon Massé, en point de presse, en s’adressant au premier ministre.

«Il doit quitter ses fonctions de ministre le temps de mettre ses affaires en ordre, le temps de recevoir une carte blanche. Parce que là, ça fait combien de cartons rouges qu’il reçoit? Encore une autre enquête en cours. Visiblement, il n’a pas compris qu’il est passé de l’autre côté, c’est-à-dire du côté de la politique et qu’il y a des règles en politique», a renchéri le député solidaire Vincent Marissal.

«Tolérance zéro, c’est zéro, ou ce n’est pas zéro? Alors, dans la situation de Pierre Fitzgibbon, je pense que, de toute évidence, il est rendu au point de la transformation en boulet, et sa position, elle a toujours été très claire. Lorsqu’il sera un boulet pour le gouvernement Legault, il quittera. Et il ne quitte pas», a commenté le député libéral Gaétan Barrette.

Ce dernier a dénoncé le fait que le premier ministre, qui incarne «l’autorité suprême» en matière d’éthique, cautionne le fait que son ministre fasse «passer sciemment ses intérêts personnels avant ceux des intérêts de l’institution». 

M. Fitzgibbon a réaffirmé mercredi que s’il devenait un boulet pour le gouvernement, il quitterait la politique.

Récemment, le gouvernement a confié exceptionnellement à la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, le soin de gérer d’éventuelles demandes provenant de White Star, pour éviter de placer le ministre Fitzgibbon en situation de conflit d’intérêts. 

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