Départ du vice-président exécutif d’Hydro-Québec, Éric Filion

MONTRÉAL — Le départ annoncé du vice-président exécutif et chef de l’exploitation d’Hydro-Québec, Éric Filion, quelques semaines après la démission  de la présidente-directrice générale, Sophie Brochu, n’a rien à voir avec les positions politiques du gouvernement, selon le ministre Pierre Fitzgibbon.

Dans un communiqué publié sur le site d’Hydro-Québec, mardi, Éric Filion a simplement indiqué qu’il souhaitait entamer un «nouveau chapitre de sa carrière» et qu’il quittait la société d’État le 17 février prochain.

«Je tiens à saluer les qualités de leader d’Éric, notamment sa capacité à mobiliser les équipes, de même que sa grande rigueur», a pour sa part écrit Mme Brochu, qui avait elle-même annoncé son départ, au début du mois de janvier, après trois ans en poste.

«Je me considère privilégié d’avoir œuvré, au cours des sept dernières années, auprès d’une équipe qui se consacre au quotidien à la réalisation de la mission de base d’Hydro-Québec et au service à la clientèle», a également écrit Éric Filion dans le communiqué.

Les partis d’opposition voient dans les départs des deux dirigeants le signe que la vision du gouvernement diffère de celle de la société d’État concernant la transition énergétique.

Mais selon le ministre de l’Économie et de l’Énergie, ce n’est pas le cas.

«Pas du tout (…), ça n’a pas rapport au gouvernement et ça n’a pas rapport au départ de madame Brochu» a indiqué Pierre Fitzgibbon, qui a répondu par l’affirmative à une journaliste qui lui a demandé si ces départs étaient des «concours de circonstances», mardi après-midi.

L’opposition s’inquiète de l’indépendance d’Hydro-Québec

Plus tôt, le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a déclaré qu’il trouvait que «ça brasse pas mal à Hydro-Québec» et qu’il s’inquiète de l’indépendance des dirigeants de la société d’État.

«Vous pouvez avoir la meilleure personne comme PDG d’Hydro-Québec, mais si elle n’a pas de plan complet quant au développement, si elle a un ministre Fitzgibbon qui est toujours au-dessus de son épaule (…) puis qui gère ça comme un Dollarama? Ça ne marchera pas.»

Selon le chef du Parti libéral du Québec, les messages envoyés par le gouvernement concernant les projets d’ Hydro-Québec sont contradictoires.

«La semaine passée, monsieur Fitzgibbon disait qu’on n’aura pas besoin de barrage, si nous faisons tellement bien dans le développement de deux choses, l’éolien, puis l’efficacité énergétique, puis là, aujourd’hui on apprend qu’il y aura un mémoire qui sera déposé par Hydro-Québec, mais on va parler de construction de plusieurs barrages. Ça prend une vision, ça presse. Puis, pendant ce temps-là, ça brasse à Hydro-Québec. C’est très préoccupant.»

En réaction à la démission d’Éric Filion, le chef solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a indiqué qu’il y a «fort probablement anguille sous roche» dans cette histoire.

M. Nadeau-Dubois a réitéré sa demande de tenir une commission parlementaire d’urgence afin d’entendre Sophie Brochu à l’Assemblée nationale.

«La transition énergétique, là-dessus je suis d’accord avec le premier ministre, c’est le plus grand défi des prochaines décennies au Québec, ça ne peut pas se décider derrière des portes closes, on a le droit de savoir ce qui s’est passé à la haute direction d’Hydro-Québec» et «on a droit de savoir quelle est la mission d’Hydro-Québec, ça appartient aux Québécois et Québécoises».

Le porte-parole du Parti québécois, Pascal Bérubé, a également exprimé des soupçons concernant l’indépendance des dirigeants d’Hydro-Québec.

«Je ne connais pas les raisons de monsieur Filion, mais si les gens quittent, il faut croire qu’ils pensent qu’ils seront plus heureux ailleurs, et comment le gouvernement explique ça? Il faut avoir beaucoup foi en Pierre Fitzgibbon pour considérer que la somme des avantages de ses actions est supérieure à la somme de ses désavantages au plan éthique et au plan des départs de cadres supérieurs», a dit le député péquiste.

Lors d’un point de presse avec des journalistes en matinée à Québec, la vice-présidente, développement durable, communication et relations avec les communautés pour Hydro-Québec, Julie Boucher, s’est fait demander si le contexte politique pouvait expliquer le départ d’Éric Filion.

Elle a répondu «qu’il y a plusieurs éléments sur lesquels, quoi qu’on en dise, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec font du travail ensemble et avancent dans le bon sens pour la transition énergétique».

Une structure inchangée

Dans le communiqué d’Hydro-Québec publié mardi, il est écrit que la structure de l’organisation «demeure inchangée. Régis Tellier, vice-président – Opérations et maintenance, et Geneviève Fournier, vice-présidente – Marketing et expérience client, relèveront de Sophie Brochu jusqu’à nouvel ordre».

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