Des chercheurs étudient le plus long embâcle de bois dans l’Arctique canadien

YELLOWKNIFE — Des chercheurs disent avoir cartographié le plus long embâcle de bois dans l’Arctique canadien. Il contiendrait des millions de tonnes de carbone, ce qui leur permettrait d’examiner l’une des parties plus importantes, mais moins connues, du cycle du carbone.

Un article publié plus tôt ce mois-ci dans les Geophysical Research Letters décrit comment des scientifiques ont cartographié près de 415 000 billots de bois flottant dans le delta du fleuve Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest. Le bouchon s’étire sur une superficie de près de 52 kilomètres carrés.

Les chercheurs ont calculé que l’ensemble des billots contiendrait plus de trois millions de tonnes de carbone, soit l’équivalent de l’émission provenant de 2,5 millions de véhicules pendant une année.

La plus grande accumulation de bois du lot couvre à elle seule 112,600 mètres carrés, soit l’équivalent d’environ 20 terrains de football américain et contient près de 6 700 tonnes de carbones.

«C’est un minimum, assure l’autrice principale de l’étude, Alicia Sendrowski, une ingénieure de la Michigan Technology University. On n’a pas calculé le bois caché sous l’eau ou dans le sol.»

Les chercheurs ont utilisé de l’imagerie par satellite de haute résolution et des algorithmes d’apprentissage automatique pour cartographier cet important embâcle. Ils ont aussi collecté environ 80 échantillons pour déterminer l’âge des billots par la technique de datation au radiocarbone.

Selon l’étude, les morceaux de bois examinés dataient de l’an 690 à 2015. Environ 40 % de l’ensemble proviennent d’arbres qui ont commencé à croître après 1955.

«La présence de bois encore jeune est attribuable au fait que le système en place demeure très actif pour abattre de nouveaux arbres chaque année, constate Mme Sendrowski. Ce que nous observons, ce n’est que la surface du phénomène. Si on fouille plus profondément, on retrouverait des morceaux de bois plus âgés.»

Le froid et les conditions sèches présents dans l’Arctique ont permis la préservation d’arbres pendant des dizaines de milliers d’années.

Une étude beaucoup plus ancienne, réalisée en 1962 à partir de morceaux de bois ramassés dans des pingos — des collines de glace recouverte de terre —  près de Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, avait estimé l’âge de ces arbres entre 12 000 et 33 000 ans.

Mme Sendrowski dit que la majorité des billots dans le delta provient de la rivière Liard, du fleuve Mackenzie, de la rivière Peel et de la rivière Arctic Red. Le fleuve Mackenzie charrie une grande quantité de mois et de carbone jusque dans l’océan Arctique par la mer de Beaufort.

Selon elle, le delta est «un haut lieu» pour l’entreposage du carbone à cause de la richesse de son sol. Elle déplore toutefois l’absence d’études sur l’âge des billots présents dans les deltas de l’Arctique, sur la quantité de carbone qu’on y trouve.

«Les gens ne pensent pas qu’il s’agisse d’une importante quantité comparée au carbone contenu dans les sols. Mais ce qu’on peut constater dans le Mackenzie, c’est qu’il existe des endroits qui referment une quantité assez phénoménale de bois.»

Le delta du fleuve Mackenzie est le deuxième plus grand de l’Arctique et le troisième plus grand bassin de drainage. Il s’étend sur plus de 13 000 kilomètres carrés.

Mme Sendrowski souligne que la recherche pourra aider à comprendre comment ces systèmes réagissent aux changements climatiques.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.