WASHINGTON — Voici quelques États et enjeux à surveiller dans les élections de mi-mandat aux États-Unis, mardi:
MICHIGAN: grâce à la limitation des mandats consécutifs, le changement sera inévitable au Michigan, quel que soit le vainqueur. L’ancienne leader de la minorité démocrate au Sénat, Gretchen Whitmer, se bat contre son rival Bill Schuette pour succéder au gouverneur républicain sortant, Rick Snyder. Le Michigan est l’un des huit États riverains des Grands Lacs membres du Pacte des Grands Lacs de 2008, un accord entre États conclu avec l’Ontario et le Québec visant à surveiller la qualité de l’eau et le débit. «Généralement, il s’agit d’une question relativement bipartisane, mais les courses au poste de gouverneur, en particulier, pourraient changer la donne», a estimé Capri Cafaro, de l’American University, une ex-sénatrice démocrate en Ohio, autre État signataire de l’accord entre les États fédérés riverains.
MARIJUANA: au Michigan, ainsi que dans un autre État-clé frontalier du Canada, le Dakota du Nord, les électeurs se prononcent aussi mardi sur la légalisation de la marijuana à des fins récréatives. La drogue reste illégale au niveau fédéral aux États-Unis, ce qui rend les choses plus difficiles pour les Canadiens qui travaillent dans l’industrie du pot nouvellement légalisée et qui se rendent au sud de la frontière. Mais comme la légalisation semble sur le point de s’étendre à de plus en plus d’États américains, les référendums au Michigan et au Dakota du Nord contribuent à accélérer un changement d’attitude à Washington — ce que certains observateurs, notamment Anthony Scaramucci, ancien porte-parole de Donald Trump, s’attendent à voir après les élections de mi-mandat.
ALÉNA / AÉUMC: ce n’est pas un enjeu électoral pour les Américains, qui sont depuis longtemps passés à autre chose. Toutefois, comme l’accord doit encore être ratifié par les législatures des trois pays signataires et que les droits de douane sur les exportations d’acier et d’aluminium du Canada et du Mexique sont toujours en vigueur, il y a suffisamment de choses à régler pour garder les parties prenantes sur le qui-vive. Peu d’experts s’attendent à des problèmes au Congrès, même si les républicains devaient perdre le contrôle de la Chambre. En fait, l’inconnue réside plutôt dans le «quand», ce qui n’est pas banal, étant donné l’impact quotidien des droits de douane — retardés, dans une certaine mesure, par une économie nationale forte — et l’impatience des agriculteurs américains à accéder aux marchés du Mexique et du Canada.
WISCONSIN: lorsque les Canadiens évoquent les récentes négociations de l’ALÉNA, ils pensent souvent à la zone frontalière du Wisconsin et ses producteurs laitiers mécontents. La gratitude des producteurs envers M. Trump pour un accord AÉUMC offrant un meilleur accès aux marchés d’exportation pourrait bien jouer un rôle mardi. Mais le Wisconsin intrigue pour un tout autre enjeu, cher aux Canadiens: les soins de santé. Des républicains, comme le gouverneur Scott Walker, allié du président Trump et critique virulent de la loi sur les soins abordables de l’ère Obama, tentent désespérément de convaincre les électeurs qu’ils n’élimineront pas la protection d’«Obamacare» pour les personnes atteintes de maladies préexistantes. M. Walker mène une lutte acharnée à son rival démocrate Tony Evers.
FLORIDE: toujours au coeur de l’histoire politique américaine, la Floride sera de nouveau à l’honneur mardi. Les experts estiment que la campagne de l’Afro-Américain Andrew Gillum, maire démocrate de Tallahassee, pour le poste de gouverneur de Floride a permis de mobiliser les jeunes et les membres des minorités. Les démocrates misent aussi sur ces électeurs pour aider Bill Nelson, le sénateur sortant, à faire face au redoutable Rick Scott, qui était le gouverneur républicain de cet État.
TEXAS: au coeur de ce bastion traditionnellement républicain se joue l’un des plus grands affrontements de ces élections: le sénateur républicain Ted Cruz, né au Canada, jadis adversaire acharné de Donald Trump devenu depuis son allié, fait la lutte à un jeune rival démocrate, Beto O’Rourke. M. Cruz détient une avance assez confortable dans les sondages, mais le simple fait que M. O’Rourke l’ait effrayé démontre que les démocrates, alimentés en partie par la surprenante lancée du candidat et le dynamisme des électeurs jeunes et latinos, menacent les républicains partout dans leur château fort de plus en plus progressiste.