MONTRÉAL — Une centaine de personnes sont venues manifester samedi après-midi devant le siège social d’Air Canada, à Montréal, pour réclamer le départ de Michael Rousseau, le président-directeur général unilingue de l’entreprise.
Les manifestants répondaient à l’appel de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB), malgré la pluie froide de novembre, agitant de nombreux drapeaux québécois, ainsi que des pancartes dénonçant le «mépris» d’Air Canada, sous le bruit des tambours.
«Aujourd’hui, nous nous rassemblons pour envoyer un message très clair à l’aéronautique et à l’ensemble des grands patrons au Québec», a déclaré le député de Québec solidaire Alexandre Leduc lors de son allocution. «Au Québec, c’est en français que ça se passe!»
Le député bloquiste et ancien président de la SSJB, Mario Beaulieu, a réitéré sa volonté «que la Charte de la langue française s’applique à toutes les entreprises sur le territoire du Québec, y compris Air Canada», une opinion partagée par M. Leduc.
En ce moment, les entreprises sous responsabilité fédérale, soit de présentes et d’anciennes sociétés d’État – dont Air Canada –, ne sont soumises qu’à la Loi sur les langues officielles. Celle-ci impose aux institutions de «veiller à ce que les supérieurs soient aptes à communiquer avec leurs subordonnés dans les deux langues, et que la haute direction soit en mesure de fonctionner en français et en anglais».
Le premier ministre Justin Trudeau a refusé en décembre dernier d’étendre la loi 101 aux entreprises fédérales, malgré les nombreuses critiques de ses adversaires bloquistes et conservateurs. Il a cependant promis l’adoption rapide d’une réforme de la Loi sur les langues officielles.
Colère contre le CA
En attendant, «le conseil d’administration d’Air Canada doit mettre ses culottes», a affirmé la présidente des organisations unies pour l’indépendance (OUI-Québec), Claudette Carbonneau. «Air Canada sert et emploie des milliers de Québécois, a-t-elle fait remarquer, alors que son CA n’a pas le courage d’exiger que son propre dirigeant ait une connaissance au moins fonctionnelle du français.»
Le président d’Impératif français, Jean-Paul Perrreault, est allé encore plus loin, exigeant dans son discours «la démission des membres du CA d’Air Canada», en plus de celles du «ministre des Transports, du ministre des Langues officielles et du commissaire aux langues officielles», des demandes reprises en coeur par la foule.
Le Plan d’action linguistique 2020-2023 d’Air Canada mentionne que la compagnie aérienne «fait preuve d’un véritable leadership parmi les grandes entreprises canadiennes en matière de promotion du bilinguisme».
Le chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau, a suscité un tollé il y a deux semaines après avoir prononcé une allocution uniquement en anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, puis en affirmant à la presse qu’en 14 années à Montréal, il avait toujours pu vivre sans apprendre le français, ce qu’il a dit ne pas avoir le temps de faire.
Le PDG s’est depuis excusé et a fait part de sa volonté d’améliorer sa maîtrise du français.
Le président du conseil d’administration d’Air Canada, Vagn Sorensen, a fait savoir mardi que M. Rousseau venait de commencer «un apprentissage intensif du français» et que sa progression «fera partie intégrante de son évaluation de rendement».
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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.