Troy Weppler dit qu’il s’est détourné d’un employé du bureau de poste de Saskatoon alors qu’il mettait une boîte de tests rapides pour dépister la COVID-19 dans une enveloppe afin de l’envoyer à sa famille en Colombie-Britannique.
«Pourquoi est-ce que je me sens si coupable de faire ça ? Est-ce que j’enfreins des lois ou est-ce juste une question d’éthique?», s’est demandé M. Weppler en se remémorant le moment où il s’est senti comme un hors-la-loi.
«Partout où je vais, on me donne des tests, alors pourquoi ne puis-je pas en mettre quelques-uns dans une enveloppe et les envoyer par la poste à ma famille?»
M. Weppler n’est pas la seule personne en Saskatchewan à répondre aux demandes de proches de partout au pays pour les tests très recherchés. Dans cette province, il suffit d’entrer dans une bibliothèque, une caserne de pompiers ou certaines épiceries pour qu’un travailleur souriant vous offre probablement une boîte contenant cinq tests.
M. Weppler a reçu sa première boîte il y a quelques semaines lorsqu’il est allé encaisser un billet de loterie. L’employé lui a dit qu’il avait gagné 20 $ et une participation gratuite, puis lui a remis la boîte.
C’est déroutant pour la plupart des gens ailleurs au Canada où la demande de tests dépasse largement l’offre. Le chef conservateur fédéral Erin O’Toole a comparé la situation aux films «The Hunger Games» plus tôt cette semaine.
Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a déclaré que 140 millions de tests seront distribués aux provinces et territoires en fonction de leur population ce mois-ci. Il a dit que cela permettrait à chaque Canadien d’avoir un test par semaine en janvier.
Mais plusieurs se demandent si la hausse de l’offre fera une différence dans la possibilité de trouver des tests rapides puisque chaque province, jusqu’à présent, les a distribués différemment.
La campagne de distribution de l’Ontario pour les tests rapides a été largement critiquée. La médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique, la Dre Bonnie Henry, a dû assurer aux résidants, plus tôt cette semaine, que les tests n’étaient pas entreposés après la frustration croissante du public. Au Québec, plusieurs n’ont toujours pas réussi à mettre la main sur les tests, distribués gratuitement en pharmacie.
La demande n’a fait qu’augmenter qu’avec le variant Omicron à propagation rapide et alors que de nombreuses provinces, dont le Québec, limitent les tests PCR à certains groupes.
«Pourquoi peuvent-ils les obtenir dans (…) les épiceries en Saskatchewan et pourquoi ne peut-on pas les obtenir ici?», a demandé Scott Forbes.
Le professeur de biologie de l’Université de Winnipeg a un fils qui vit à Moose Jaw, en Saskatchewan. Il est rentré à la maison pour la période des Fêtes et avait de légers symptômes de rhume, a raconté M. Forbes.
Il a ajouté que son fils était allé passer un test de laboratoire à Winnipeg et avait fait la queue pendant plus de quatre heures. La famille avait entendu dire que les résultats pouvaient être retardés jusqu’à une semaine. Les tests rapides étaient introuvables.
«Il savait qu’il n’obtiendrait pas les résultats des tests pendant un certain temps (…), alors il a appelé sa copine pour qu’elle expédie des tests rapides depuis Moose Jaw», a raconté M. Forbes.
«Elle n’a eu qu’à aller les chercher à l’épicerie et nous les avons reçus le lendemain.»
M. Forbes a précisé que son fils avait obtenu un résultat négatif et que ses symptômes avaient rapidement disparu. Il n’a toujours pas reçu les résultats du test de laboratoire.
Le gouvernement de la Saskatchewan a déclaré cette semaine qu’il avait distribué plus de 12 millions de tests dans environ 600 sites. Quelque 3,7 millions d’entre eux ont été envoyés aux communautés via les réseaux de distribution publics, y compris les bibliothèques et les casernes de pompiers, depuis novembre.
Le gouvernement du Manitoba n’a pas répondu à une demande d’information sur le nombre de tests rapides.
Les chiffres fédéraux du 17 décembre indiquent que la province avait reçu environ 3,2 millions de tests. La Saskatchewan avait reçu plus de 10,6 millions de tests, beaucoup plus que ses voisins.
Les fonctionnaires de la Saskatchewan ont dit qu’ils en recevaient davantage parce qu’ils en demandaient davantage.
M. Forbes se demande pourquoi les autres gouvernements provinciaux n’ont pas fait de même.
Marlo Pritchard, président de l’Agence de sécurité publique de la Saskatchewan, s’est dit optimiste que la Saskatchewan continuera d’avoir une abondance de tests rapides malgré le fait que le gouvernement fédéral signale qu’il tiendra davantage compte de la population dans la distribution.
La province s’attend à recevoir quatre millions de tests en janvier et à nouveau en février, a-t-il ajouté.
À Saskatoon, M. Weppler a déclaré que si c’était le cas, il envisagerait de se rendre à nouveau discrètement au bureau de poste pour aider sa famille ailleurs.
«C’est bien de pouvoir faire ce test.»