MONTRÉAL — Les travaux d’une chercheuse montréalaise pourraient mener à l’identification des enfants qui ont une prédisposition génétique au cancer, ce qui permettrait d’ensuite surveiller de près l’évolution de leur état de santé et, on l’espère, de diagnostiquer la maladie dès les premiers instants.
Il existerait plus de 125 types de prédisposition génétique au cancer chez les jeunes, et de nouveaux types seraient constamment identifiés.
«Nos travaux de recherche visent à identifier les enfants qui ont un cancer et dont le cancer est probablement lié à une maladie héréditaire sous-jacente, a résumé la docteure Catherine Goudie, qui est oncologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Il s’agit de trouver des syndromes chez les enfants qui ont le cancer.»
La docteure Goudie et son équipe ont développé l’application MIPOGG (pour McGill Interactive Pediatric OncoGenetic Guidelines). Ce logiciel, gratuit et bilingue, permet aux médecins d’identifier lesquels de leurs patients aux prises avec un premier cancer devraient être soumis à une évaluation en génétique.
L’application utilise plus de 140 algorithmes décisionnels pour formuler une recommandation au médecin, à partir des données cliniques de l’histoire familiale et des caractéristiques de la tumeur.
Les données ainsi colligées pourraient permettre de déterminer si cet enfant souffre aussi d’une maladie héréditaire qui serait jusqu’à ce moment passée inaperçue.
«Il y en a certaines qui sont bien connues du public, mais il y en a plusieurs autres, souvent, même les médecins ne sont pas au courant que le cancer peut être lié à cette maladie héréditaire-là», a rappelé la docteure Goudie.
Malheureusement, en 2021, la médecine n’est pas vraiment en mesure d’empêcher un cancer d’apparaître, poursuit-elle. On doit donc redoubler d’efforts pour repérer la maladie le plus tôt possible, ce qui en facilitera ensuite le traitement.
La détection d’une maladie héréditaire chez un enfant déjà atteint d’un cancer pourrait permettre aux médecins d’adapter le traitement qu’il reçoit. Par exemple, dit-elle, un patient qui présente une tumeur cérébrale dans le contexte d’un syndrome quelconque pourrait être traité différemment du patient qui présente la même tumeur, mais sans maladie héréditaire.
De plus, on pourrait éventuellement être en mesure d’identifier d’autres membres de la famille qui pourraient être à risque de développer un cancer, puisque certaines études ont vu une «tendance légèrement augmentée» chez les proches d’un patient atteint du cancer, a dit la docteure Goudie.
L’enfant pourrait enfin être soumis à ce que les médecins appellent un «protocole de surveillance» dans l’espoir de détecter les autres cancers qui pourraient survenir chez lui.
«C’est un traitement qu’on fait à vie, a dit la docteure Goudie. C’est une surveillance qu’on fait à vie pour essayer de trouver d’autres cancers à un stade plus précoce.»
L’application a été téléchargée plusieurs centaines de fois dans plus de 50 pays du monde entier. Aux Pays-Bas et en Australie, elle a été adoptée dans des études génétiques menées à l’échelle nationale, et toutes les équipes traitant des enfants et des jeunes adultes atteints de cancer l’utilisent.
Elle devrait maintenant être traduite dans d’autres langues afin d’en améliorer l’accessibilité, la puissance, la durabilité et la capacité de diffusion à grande échelle dans la communauté de la génétique
«La première chose pour pouvoir mieux comprendre les maladies héréditaires qui prédisposent au cancer, c’est de pouvoir les détecter, a dit la docteure Goudie. Si on ne sait pas qui en a, on ne peut pas les étudier. Le principe derrière cette application, c’est de pouvoir détecter les enfants qui ont un cancer et qui ont une maladie héréditaire sous-jacente. C’est la première étape si on veut les étudier et mieux comprendre ce qui se passe pendant leur vie.»
Bonjour,
Comment peut-on rejoindre cette équipe de recherche? Mon fils a eu un cancer et il est suivi à l’hôpital Ste-Justine. Est-ce que ce logiciel est disponible dans tous les hôpitaux juvéniles ? Merci!
Mme Blais