Des victimes d’armes à feu interpellent Trudeau pour qu’il respecte ses promesses

MONTRÉAL — Des survivants et des familles de victimes de tueries qui ont organisé une conférence de presse, lundi matin, demandent au gouvernement fédéral de légiférer pour rendre permanente l’interdiction des armes d’assaut et d’interdire la vente d’armes de poing.   

Au mois de mai dernier, le Canada a banni pas moins de 1500 modèles d’armes d’assaut de type militaire, mais pour Heidi Rathjen, coordonnatrice de PolySeSouvient, «ce n’est que le premier pas pour l’interdiction des armes d’assaut».  

«Il est nécessaire de compléter l’interdiction (d’armes d’assaut de type militaire) et de la rendre permanente par voie législative, en plus d’instaurer un programme de rachat qui initialement devait commencer cette année. Ce programme devrait aussi être obligatoire, selon la promesse électorale des libéraux.»  

Heidi Rathjen demande également que Justin Trudeau envoie un message clair qui confirmera que l’éventuelle législation «confrontera la question des chargeurs modifiables qui peuvent être facilement convertis à leur pleine capacité illégale».  

Celle qui a été témoin de la tuerie à l’école  Polytechnique en 1990 a souligné que les témoignages au procès de Matthew Raymond, qui a tué quatre personnes à Fredericton le 10 août 2018, ont récemment permis d’apprendre que le tueur avait modifié son fusil semi-automatique, pour tirer plus de balles. 

«C’est le quatrième tueur de masse qui l’a fait, à notre connaissance, en plus des auteurs des tueries à Moncton, au Métropolis lors de l’attentat contre Pauline Marois et à la Mosquée de Québec.»  

Interdiction des armes de poing  

Les victimes et proches de victimes qui ont participé à la conférence de presse réclament également des mesures de contrôle plus sévères concernant les armes de poing.  Idéalement, ils souhaiteraient une interdiction à l’échelle nationale de ce type d’arme.  

«Mais au minimum, il faudrait au moins fermer le robinet et arrêter l’importation», a fait valoir Heidi Rathjen.  

Selon PolySeSouvient, il y a 1 million d’armes de poing au pays et pour Heidi Rathjen, «un compromis potentiel serait de restreindre les armes de poing dans les clubs de tirs».  

Dans le discours du Trône du 23 septembre dernier, le gouvernement Trudeau avait réaffirmé son intention de donner aux municipalités «la capacité de restreindre ou d’interdire les armes de poing».  

«Mais il faut arrêter de mettre ça dans la cour des municipalités», a indiqué Ken Prince lundi matin.  

Sa fille a été blessée par une balle lors de la fusillade en juillet 2018 sur l’avenue Danforth à Toronto.  

«Cela fait plus de deux ans que notre fille a été blessée et il n’y a eu aucun progrès législatif sur les armes de poing et la situation ne cesse de s’aggraver», a indiqué M. Price.  

Il voudrait voir le fédéral s’inspirer des lois au Royaume-Uni et en Australie plutôt que de laisser le fardeau aux municipalités, qui, selon lui, n’ont pas les moyens de mettre en place des mesures qui fonctionneraient.  

«Est-ce que le hobby des amateurs de tirs est plus important que la sécurité du public?» a -t-il demandé.  

Boufeldja Benabdallah, cofondateur et porte-parole de la Mosquée de Québec qui a été le théâtre d’un massacre le 27 janvier 2017, prône également le resserrement des lois.  

«C’est grâce à l’accès facile aux armes à feu qu’un jeune homme troublé et rempli de haine a pu faire six morts, cinq blessés graves et 25 personnes traumatisées à vie, dont quatre enfants, en moins de deux minutes. Voilà à quoi peut servir un pistolet ‘Glock’ avec cinq chargeurs de 10 balles»,  a fait valoir Boufeldja Benabdallah.  

«Rien n’a changé quant à la disponibilité légale des armes de poing, dont une a été suffisante pour causer ce massacre. Pas de progrès, malgré le fait que sept Canadiens sur 10 appuient leur interdiction», a ajouté le porte-parole de la Mosquée en faisant référence à un sondage de la firme Angus Reid.  

Selon ce sondage réalisé au printemps 2019, 72 % des Québécois veulent plus de limites pour l’accès aux armes de poing.