NEW YORK — L’ancien président des États-Unis Donald Trump aurait conspiré pour saper les élections de 2016 par une série de pots-de-vin destinés à étouffer les déclarations qui pouvaient nuire à sa candidature, ont affirmé plus tôt les procureurs en divulguant un acte d’accusation historique de 34 chefs contre l’ancien président.
Les paiements, a déclaré le procureur adjoint de district Christopher Conroy, faisaient partie d’un «plan illégal visant à identifier et à supprimer les informations négatives qui auraient pu saper sa campagne présidentielle».
C’est un Donald Trump au visage de marbre et silencieux alors qu’il entrait et sortait de la salle d’audience de Manhattan qui a plaidé «non coupable» d’une voix ferme face à un juge qui l’a averti de s’abstenir de toute rhétorique qui pourrait enflammer ou provoquer des troubles civils.
Il devra ensuite comparaître au tribunal le 4 décembre, mais ses avocats ont demandé qu’il soit dispensé d’assister à l’audience en personne en raison d’une procédure de sécurité extraordinaire.
Les grandes lignes de l’affaire sont connues depuis longtemps, mais l’acte d’accusation de 16 pages contient de nouveaux détails sur un stratagème qui, selon les procureurs, impliquait de multiples paiements à deux femmes, dont une actrice porno, qui ont déclaré avoir eu des relations sexuelles extraconjugales avec lui des années plus tôt, ainsi qu’à un portier de la Trump Tower qui prétendait avoir une histoire sur un enfant que l’ancien président aurait eu hors mariage.
Dans un communiqué, le procureur du district de Manhattan, Alvin L. Bragg, Jr., a précisé que l’ancien président de 76 ans est inculpé pour avoir falsifié des registres commerciaux de New York afin de dissimuler des informations préjudiciables et des activités illégales aux électeurs américains avant et après les élections de 2016.
Le procureur a ajouté que Donald Trump s’est donné beaucoup de mal pour cacher cette conduite, provoquant des dizaines de fausses entrées dans les registres commerciaux pour dissimuler des activités criminelles, y compris des tentatives de violation des lois électorales des États et fédérales.
«Manhattan abrite le marché commercial le plus important du pays. Nous ne pouvons pas permettre aux entreprises de New York de manipuler leurs dossiers pour dissimuler un comportement criminel», a indiqué M. Bragg dans le communiqué.
La mise en accusation, bien que de nature procédurale, équivaut à une remarquable accumulation pour Donald Trump après des années d’enquêtes sur ses relations personnelles, commerciales et politiques. L’affaire se déroule dans le contexte non seulement de sa troisième campagne pour la Maison-Blanche, mais aussi dans celui d’autres enquêtes à Washington et à Atlanta qui pourraient encore produire plus d’accusations.
Donald Trump, les lèvres pincées de colère apparente, est entré dans la salle d’audience peu avant 14h30. Il a quitté le tribunal environ une heure plus tard, également sans faire de commentaires. Au total, le volubile Donald Trump n’a prononcé qu’une dizaine de mots pendant toute la procédure.
Discours devant ses partisans
De retour en Floride, l’ancien président Donald Trump a affirmé qu’il n’avait «jamais pensé que ceci pourrait arriver en Amérique» au sujet de sa mise en accusation plus tôt à New York.
Flanqué de drapeaux américains, Donald Trump a prononcé un discours de style campagne devant des partisans en liesse à Mar-a-Lago mardi soir.
Donald Trump était provocateur, se référant, entre autres, à ses deux procès en destitution pendant sa présidence. Il a qualifié l’acte d’accusation de New York de la dernière d’une «attaque d’enquêtes frauduleuses».
«Cette fausse affaire n’a été intentée que pour interférer avec les prochaines élections de 2024 et elle devrait être abandonnée immédiatement», a déclaré Donald Trump.
Il a également fustigé le procureur et le juge présidant l’affaire de New York — bien qu’il ait été averti quelques heures plus tôt par le juge de s’abstenir de toute rhétorique susceptible de provoquer des troubles civils.
Donald Trump a fait un signe d’adieu en sortant de la salle de bal bondée de personnes enregistrant le moment avec leurs téléphones intelligents.
La foule comprenait des partisans comme l’ancien candidat au poste de gouverneur de l’Arizona, Kari Lake, et son allié de longue date, Roger Stone.
Silencieux au tribunal, mais pas sur les réseaux
Dans une publication sur les réseaux sociaux depuis son avion lors de son vol de retour en provenance de New York, l’ancien président Donald Trump a déclaré que l’audience de mardi «était choquante pour beaucoup en ce qu’ils n’avaient pas de “surprises” et donc, pas de cas. Pratiquement tous les experts juridiques ont dit qu’il n’y a pas de cas ici, il n’y a rien d’illégal !»
Avant la mise en accusation, il a raconté ses sentiments en temps réel, décrivant l’expérience comme «SURRÉELLE» alors qu’il voyageait de la Trump Tower à Lower Manhattan pour faire face au juge.
Donald Trump se soumet aux exigences sévères du système de justice pénale américain tout en projetant une aura de défi et de victimisation lors des événements de campagne de célébration.
Vêtu de son costume sombre et de sa cravate rouge, Donald Trump s’est retourné et a fait signe à la foule à l’extérieur du bâtiment avant de se diriger vers l’intérieur pour faire prendre ses empreintes digitales. Il est arrivé au tribunal dans un cortège de huit voitures depuis la Trump Tower, communiquant en temps réel sa colère face au processus.
«En route pour Lower Manhattan, le palais de justice», a-t-il publié sur sa plateforme Truth Social. «Cela semble tellement SURRÉEL — WOW, ils vont M’ARRÊTER. Je ne peux pas croire que cela se passe en Amérique. MAGA!»
Donald Trump, qui a été destitué deux fois par la Chambre des représentants des États-Unis, mais n’a jamais été condamné au Sénat américain, est le premier ancien président à faire face à des accusations criminelles. Le 45e président des États-Unis a été escorté de la Trump Tower au palais de justice par les services secrets.
— Avec des informations de Michael R. Sisak, Eric Tucker, Jennifer Peltz et Will Weissert d’Associated Press.