TORONTO — Voilà maintenant un an que Doug Ford a pris le pouvoir en Ontario, amenant avec lui le démantèlement d’une série de programmes environnementaux et sociaux, et de nombreuses mesures d’austérité.
Pour les Franco-Ontariens, l’arrivée de M. Ford a aussi sonné le glas du Commissariat aux services en français et la mise en veilleuse de l’Université de l’Ontario français à Toronto.
La victoire des progressistes-conservateurs de Doug Ford, le 7 juin 2018, a ouvert une année politique chargée, au cours de laquelle le nouveau premier ministre a rempli une bonne partie de ses promesses électorales. Mais cet empressement a aussi provoqué une série de manifestations — à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’Assemblée législative.
M. Ford a eu le temps d’annuler plusieurs politiques publiques phares des libéraux, notamment l’adhésion au marché du carbone — et divers programmes verts financés par ce système —, des lois du travail plus favorables aux travailleurs, notamment le salaire minimum à 15 $, des droits de scolarité gratuits et un projet pilote portant sur le revenu de base.
Le chef conservateur a supprimé les postes de commissaire à l’environnement et de défenseur des droits des enfants et des jeunes; il a affaibli les dispositions relatives aux espèces en péril, baissé l’augmentation prévue du soutien en matière de protection sociale et d’invalidité, et réduit à peu près de moitié la taille du conseil municipal de Toronto — son ancienne arène politique.
Le gouvernement Ford a également annoncé une refonte massive des soins de santé, levé ou gelé divers frais, éliminé des réglementations, mis en place son propre plan climatique et consacré une grande partie de son temps et de ses intérêts politiques à la lutte contre la taxe fédérale sur le carbone.
«Nous avançons à la vitesse de l’éclair», s’est récemment targué le premier ministre Ford.
Une impatience qui fait des vagues
Ce programme musclé et cet empressement expliquent en partie certaines de ses difficultés, soutient Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques à l’Université d’Ottawa.
«(Les conservateurs) sont impatients de mettre en œuvre certaines politiques un peu trop rapidement», a-t-elle estimé, citant la réforme majeure du programme pour l’autisme et les réductions, décrétées en cours d’année budgétaire, du financement municipal pour la santé publique et les services de garde.
Le premier budget du gouvernement progressiste-conservateur prévoyait des dépenses plus importantes que celles des libéraux, mais limitées dans de nombreux secteurs. La nature précise des réductions, cependant, n’était pas claire au départ — elle émergeait presque quotidiennement dans les jours et les semaines qui ont suivi.
Les coupes dans l’aide juridique, la recherche sur les cellules souches, un programme de plantation d’arbres, le financement des arts et autres secteurs ont tous provoqué de nouvelles vagues d’indignation dans la province.
Les conservateurs sont en baisse dans les sondages. Le directeur de la firme Abacus Data, David Coletto, estime qu’environ 15 pour cent des Ontariens qui avaient voté conservateur l’an dernier déclarent qu’ils voteraient pour un autre parti aujourd’hui.
Certains des gestes de M. Ford ont également aliéné les membres de son propre caucus. Amanda Simard a claqué la porte au nom des Franco-Ontariens. Randy Hillier a été expulsé pour ne pas être un «véritable membre» de l’équipe conservatrice — il est depuis devenu un critique virulent du gouvernement. Le caucus a également perdu un troisième député, Jim Wilson, autour d’une allégation d’inconduite sexuelle.
L’année politique ontarienne avait commencé sur les chapeaux de roue, avec une session ouverte en plein été, des séances jusque dans la nuit et même en fin de semaine. Les travaux à l’Assemblée législative ont été ajournés jeudi pour l’été et ne reprendront cette fois que le 27 octobre — après les élections fédérales.