LONGUEUIL, Qc — Edgar Fruitier a été reconnu coupable de deux accusations d’attentat à la pudeur, mercredi, au palais de justice de Longueuil.
Le juge Marc Bisson, de la Cour du Québec, a donné foi aux propos de la victime, qui était d’âge mineur au moment des faits, qui se sont produits en 1974 et 1976.
«Très content que ce soit terminé; ça fait déjà 46 ans que j’attends ça», a déclaré le plaignant, qui ne peut être identifié en vertu d’une ordonnance du tribunal.
«Je suis soulagé, un poids énorme de moins. Il ne s’est jamais excusé. Je pense que (s’il s’était) excusé il y a 46 ans on ne serait pas ici aujourd’hui. Et ne pas avoir réessayé deux autres fois, on ne serait pas ici», a-t-il confié aux journalistes à sa sortie de la salle d’audience.
La procureure de la Couronne, Me Erin Kavanagh, a pour sa part estimé que cette décision envoyait un message clair aux victimes: «C’est important pour les victimes de dénoncer à la police, de faire comme Monsieur a fait dans ce dossier. On voit le résultat aujourd’hui, un résultat très positif pour le ministère public.»
L’ex-animateur et comédien, aujourd’hui âgé de 90 ans, était accompagné d’une personne qui l’aidait à marcher au palais de justice.
La victime était âgée de 15 ans au moment du premier événement et disait considérer Edgar Fruitier comme un grand frère.
L’adolescent se trouvait alors au chalet de M. Fruitier, alors âgé de 44 ans, en Estrie lorsque ce dernier l’a agrippé de dos, a placé la main sur son sexe et tenté de détacher son pantalon.
Edgar Fruitier est revenu à la charge à deux reprises par la suite, d’abord chez lui, à Brossard, en posant des gestes similaires à ceux survenus à son chalet, et ensuite en 1976.
L’adolescent avait alors décidé de ne plus revoir l’accusé; il a porté plainte en 2018, soit 42 ans après le dernier incident.
Le procès d’Edgard Fruitier, en juin, n’a duré qu’une heure environ, alors que l’on a seulement mis en preuve la retranscription du témoignage livré par le plaignant lors de l’enquête préliminaire, afin de lui éviter de répéter son témoignage. Edgar Fruitier lui-même n’avait pas témoigné pour sa défense. Son avocat, Me Robert Polnicky, avait soutenu que son client n’avait jamais eu d’intention sexuelle envers le plaignant. Il avait toutefois reconnu une partie des gestes, mais Me Polnicky soutenait que ces gestes représentaient plutôt des voies de fait et non des attentats à la pudeur.
Me Kavanagh estime que cette affirmation ne tenait pas la route: «Lorsqu’on touche aux parties génitales de quelqu’un, pour nous c’était un attentat à la pudeur, c’était une voie de fait commise dans des circonstances où il y a indécence. Aujourd’hui on appellerait ça une agression sexuelle.»
L’accusation d’attentat à la pudeur, qui est applicable pour des gestes commis dans les années 1970, n’existe plus aujourd’hui dans le Code criminel. Elle a en effet été remplacée par celle d’agression sexuelle dans le cas de gestes comme ceux posés par Edgar Fruitier.
Les observations sur la peine auront lieu le 9 octobre prochain. Edgard Fruitier est passible d’une peine maximale de 10 ans de pénitencier. Me Kavanagh a cependant précisé que le Directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait pas encore décidé de la peine qu’il réclamera pour le nonagénaire, qui est plutôt frêle.