EDMONTON — La campagne électorale est sur le point d’être lancée en Alberta, mais les deux principaux partis font officieusement campagne depuis des semaines, s’accusant l’un et l’autre de mener la province vers un futur dystopique.
Selon Janet Brown, directrice de la maison de sondages qui porte son nom, le Parti conservateur uni (PCU) de Danielle Smith mise sur l’économie, alors que le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Rachel Notley met de l’avant la santé, l’éducation et les services sociaux.
«Entre les deux, il y a un petit groupe d’électeurs indécis qui, en ce moment, pensent que les conservateurs sont meilleurs avec l’économie, que les néo-démocrates sont meilleurs avec les programmes sociaux, mais ne peuvent décider quel enjeu est le plus important pour eux en ce moment, a-t-elle expliqué en entrevue. Donc, pour ces gens-là, le leadership pourrait être le point décisif.»
Le champ de bataille est clairement défini en amont du scrutin du 29 mai. Les conservateurs unis se remettent d’une perte de soutien dans leurs forteresses rurales, due aux restrictions sanitaires et aux exigences vaccinales imposées par l’ancien chef Jason Kenney durant la pandémie de COVID-19. Mais les ouailles sont revenues au bercail avec l’arrivée de Mme Smith, qui a pris une position ferme contre les règles sanitaires en plus de renvoyer le conseil d’administration des services de santé de l’Alberta et la responsable en chef de la santé publique, la Dre Deena Hinshaw.
Pendant ce temps, Edmonton demeure une forteresse néo-démocrate, ce qui laisse Calgary comme champ de bataille décisif.
Les néo-démocrates auraient ainsi besoin de faire de grands gains dans une ville traditionnellement conservatrice, mais les sondages suggèrent que c’est possible.
Mme Notley a mené son parti à une victoire surprise en 2015, la première pour les néo-démocrates albertains.
Depuis, ses deux adversaires, le Parti progressiste-conservateur et le Parti Wildrose, se sont jumelés pour former Parti conservateur uni, mettant fin à la division du vote de la droite et remportant les élections de 2019.
Le gouvernement Smith a défendu des initiatives controversées, comme la création d’un service de police, d’une agence de taxation et d’un régime de retraite provinciaux. Il a aussi créé un programme d’exemption d’impôts pour inciter les compagnies pétrolières à nettoyer leurs puits abandonnés ― ce qui est déjà requis par la loi.
Les discussions sur ces mesures ont été mises sur le banc jusqu’à après les élections, mais les néo-démocrates préviennent qu’elles seront de retour sur la glace si leurs adversaires sont réélus.
«Danielle Smith, dans les six derniers mois, a démontré une habileté à déparler sur plusieurs sujets à répétition. Elle change de position plus qu’un joueur de basket. Elle n’est absolument pas fiable», a affirmé Mme Notley cette semaine.
De son côté, le PCU dénonce la vision néo-démocrate comme celle d’un gouvernemaman qui fait perdre des emplois, monte les taxes, taxe le carbone et endette la province. Le NPD a haussé le salaire minimum, haussé les taxes sur les entreprises et introduit un projet de loi sur la sécurité fermière qui a mené à des manifestations en tracteurs devant l’Assemblée législative.
Mme Smith a prévenu les auditeurs de son émission de radio qu’un vote pour Mme Notley était un vote pour Justin Trudeau, disant que les néo-démocrates provinciaux suivent l’exemple de leur vis-à-vis fédéral, notamment sur l’enjeu de la taxe carbone.
«Les libéraux fédéraux, avec leurs partisans du NPD, ont tout rendu plus cher. Ils doivent l’assumer», a-t-elle soutenu.