Entente avec des CPE: compressions amoindries et nouveau mode de financement

MONTRÉAL – Le Conseil québécois des services de garde éducatifs à l’enfance estime avoir réussi à réduire de 80 à 51 millions $ les compressions prévues dans les Centres de la petite enfance dans le cadre de sa dernière négociation fructueuse avec Québec.

Ces compressions dans les CPE et les garderies privées subventionnées devaient totaliser 120 millions $ et, de cette somme, la part qui devait toucher les CPE était de 80 millions $, a expliqué mardi au cours d’une conférence téléphonique Francine Lessard, vice-présidente exécutive et directrice générale du Conseil québécois.

Mais ultimement, ce seront 50,9 millions $ qui seront supprimés plutôt que 80 millions $, soit une reconduction pour 2016-2017 de la réduction de 36,9 millions $ imposée en 2015-2016, plus un autre «effort» de 14 millions $ que les CPE ont dû accepter de faire, a concédé Mme Lessard.

Néanmoins, elle estime que les CPE ont su tirer leur épingle du jeu dans les circonstances.

«Les règles de financement vont devenir équitables pour chacun, efficientes pour chacun et viables et durables dans le temps aussi. C’était vraiment l’intention qu’on avait derrière toute cette négociation-là. Et on est heureux de pouvoir dire qu’on a rencontré nos objectifs», a conclu Mme Lessard.

Le Conseil québécois, qui représente le quart des CPE, a aussi négocié un nouveau mode de financement de ces centres.

Ce nouveau mode de financement prévoit quatre enveloppes distinctes: pour les services directs comme la masse salariale, les services auxiliaires comme les aliments et l’entretien, les services administratifs et un budget pour l’occupation des locaux.

Diverses sommes ont été octroyées par le ministère de la Famille pour les milieux défavorisés (11 millions $), l’intégration des enfants ayant des besoins particuliers (45,2 millions $) et pour l’approche éducative (12 millions $).

De même, une somme de 2 millions $ a été prévue pour permettre des projets pilotes de «garde atypique», c’est-à-dire pour les services de garde les week-ends, soirs et nuits, a noté Mme Lessard.

Elle maintient que même si son association est minoritaire, ce qu’elle a négocié sera appliqué à l’ensemble des CPE, dont ceux qui sont plutôt membres de l’Association québécoise des centres de la petite enfance.

Mme Lessard affirme que l’AQCPE était bienvenue à la table de négociation et que c’est elle qui a choisi d’adopter une autre stratégie en s’absentant.

Parmi les moyens de pression qui ont été adoptés par l’AQCPE, au cours des derniers jours, des «chaînes humaines» ont été faites autour de certains CPE, pour les protéger symboliquement des compressions budgétaires.

Réagissant à l’entente, l’AQCPE parlait encore de «rumeurs» d’entente entre un groupe de CPE et le gouvernement du Québec.

Néanmoins, son pdg Louis Senécal invitait la population à rester mobilisée autour de la cause.

L’AQCPE a invité le nouveau ministre de la Famille, Sébastien Proulx, à la rencontrer «dans les meilleurs délais» pour connaître les intentions de son gouvernement.

«Comme le jour de la marmotte, chaque année depuis 10 ans, des compressions sont imposées aux CPE. Nous laissons à d’autres le soin de se réjouir de la manière que ces compressions viendront affecter les services aux familles. Quant à nous, nous restons debout avec les familles et entendons défendre l’intégralité de notre mission éducative», a répliqué M. Senécal, par voie de communiqué en fin de journée mardi.