Femmes handicapées violentées: pas de maisons d’hébergement de 2e étape à Montréal

MONTRÉAL — Aucune unité d’hébergement en maison de deuxième étape n’existe à Montréal pour les femmes à mobilité réduite qui sont victimes de violence conjugale, déplorent celles qui tentent de leur offrir un milieu de vie sécuritaire, loin des coups et des menaces.

Tant les femmes handicapées que celles blessées par les coups reçus n’ont pas d’endroit adapté où se loger après leur passage en refuge d’urgence, où elles résident en moyenne un mois, tout juste après avoir quitté leur domicile.

Les maisons de deuxième étape sont les lieux sécuritaires — et sécurisés — où habitent celles qui ont besoin de plus de temps pour récupérer après le refuge. 

Mais celles à mobilité réduite, ou qui ont des enfants handicapés, n’ont nulle part où aller.

Il n’existe actuellement aucun logement adapté à Montréal, indique l’Alliance des maisons de deuxième étape (L’Alliance), qui regroupe bon nombre de ces ressources d’aide au Québec.

Un horrible obstacle, a expliqué en entrevue Arianne Hopkins, coordonnatrice de Nouvelle-Étape, une maison d’hébergement de deuxième étape de la métropole.

Les gens doivent savoir que ces femmes-là ne sont pas soutenues, dit-elle.

Cela les empêche de quitter la situation violente dans laquelle elles se trouvent, car elles savent qu’elles vont se retrouver face à un «trou de services», estime-t-elle. 

Mme Hopkins se souvient de cette femme hébergée, qui vivait avec des douleurs chroniques au dos après tous les coups encaissés. Elle pouvait mettre une heure à se rendre à son logement au troisième étage, a relaté la coordonnatrice.

D’autres ont une jambe cassée quand elles arrivent en refuge, ou un traumatisme crânien, qui cause des pertes d’équilibre, explique-t-elle. Elle a vu des mères «monter leurs enfants à bout de bras» dans les escaliers et se retrouver dans des appartements aucunement adaptés, «mais en sécurité».

Parfois, les refuges d’urgence — aussi appelés maisons de première étape — les gardent plus longtemps, afin de ne pas les abandonner. Mais d’autres femmes qui quittent un conjoint violent ont aussi besoin de ces refuges.

Nouvelle-Étape a ainsi fait une demande de subvention auprès de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) pour construire une maison de neuf unités à Montréal, dont deux seraient adaptées aux personnes à mobilité réduite: une pour femme seule et une pour femme et enfants.

Il n’y aura toutefois pas d’ascenseur — cela aurait coûté trop cher, dit Mme Hopkins — mais elle espère pouvoir y installer un monte-charge, après avoir fait une campagne de financement.

Mais elle est inquiète: le temps passe et elle n’a toujours pas eu de réponse. Elle craint de ne pouvoir concrétiser ce projet, qui risque fort d’afficher complet dès le premier jour: 75 % des demandes pour les maisons de deuxième étape sont refusées à Montréal, faute de place, souligne-t-elle. Selon les calculs de l’Alliance, 8 % des femmes en refuge ont besoin d’un hébergement de deuxième étape.

Mme Hopkins espère de tout coeur que cela va fonctionner. Elle a même déjà engagé des coûts pour que le projet puisse naître rapidement, et respecter les conditions de la subvention.

L’Alliance note que le manque de place n’est pas qu’un problème montréalais: dans plusieurs régions du Québec, non seulement il n’y a pas de logements adaptés, il n’y a en fait aucune maison de deuxième étape pour femmes violentées.

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Il y a plusieurs logements adaptés disponibles dans les nouvelle osbl et coopératives d habitation ou une subvention y est rattaché pour l adaptabilité qui ne trouve pas preneurs.
Le manque de communication est flagrant entre les organismes subventionné.
Là est la solution.
Chantal Isabelle