Forum des idées: Québec doit décentraliser pour vrai, disent les régions

MONTRÉAL — Le gouvernement du Québec doit décentraliser davantage vers les régions. Et il doit recréer un espace de concertation dans les régions, parce que depuis la disparition des CRÉ, les Conférences régionales des élus, il y a un vide nuisible au développement des régions.

Ce message vient du sénateur indépendant Éric Forest, un ancien président de l’Union des municipalités du Québec, qui a été sollicité par le forum annuel Des idées pour le Québec, afin d’élaborer une réflexion sur le développement régional.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, vendredi, M. Forest a élaboré sur les 15 recommandations qu’il y présentera.

Entre autres, il déplore le fait que le gouvernement du Québec a dépossédé les régions de plusieurs pouvoirs.

«Aujourd’hui, les représentants des ministères dans les régions n’ont à peu près plus aucun pouvoir. On a recentralisé énormément les programmes et les prises de décision», a-t-il dénoncé.

De même, l’abolition des Conférences régionales des élus «a été une erreur», croit M. Forest, qui estime qu’on a «jeté le bébé avec l’eau du bain» parce que toutes les CRÉ ne jouaient pas aussi efficacement leur rôle. Grâce à elles, pourtant, les partenaires dans les régions pouvaient mieux planifier leur développement économique, discuter d’immigration, d’éducation.

Le message du milieu municipal qu’il va rapporter au forum Des idées pour le Québec est clair: «assoyez-vous avec les municipalités». Et recréez des structures régionales pour permettre aux régions qui le désirent de se concerter, selon le modèle de leur choix, sans mur à mur, plaide M. Forest.

Avion, internet, immigration

Au plan économique, les régions en ont ras le bol du coût des billets d’avion. «Je prends l’avion à Gaspé pour m’en aller à Montréal, ça va coûter je pense 763 $. Je prends le même avion, de Gaspé pour m’en aller à Cuba, ça va me coûter 730 $. C’est le même avion, qui arrête à Montréal avec une correspondance pour aller à Cuba», illustre M. Forest, avec dépit.

Il avoue qu’il n’a «pas nécessairement la solution» pour corriger l’iniquité, mais souhaiterait au moins que les autorités discutent du problème.

Les régions souhaitent aussi que l’accès à internet soit amélioré, car cela aussi tarde, même si des fonds et des programmes existent à cet effet.

«Si on veut vraiment avoir des régions dynamiques, dans le contexte actuel, c’est devenu un outil essentiel et incontournable pour permettre à des entreprises de l’économie du savoir de s’installer un peu partout à la grandeur du territoire québécois», opine-t-il.

Et, dans le débat actuel, les régions rappellent qu’elles veulent des immigrants et qu’elles ont des emplois à leur offrir.

«Si on était capable d’accueillir en région des immigrants, de les intégrer, de les accompagner au niveau de la recherche d’emplois… Ils s’intègrent beaucoup plus facilement en région que dans les grands centres urbains, parce que dans les grands centres urbains, la masse critique fait qu’ils demeurent entre eux», affirme M. Forest.

Il cite les cas d’un centre d’appel dans le domaine des télécommunications qui a besoin d’employés, de même qu’une chaîne de restaurants en région.

«Le défi démographique va nous amener à avoir des besoins. Et l’immigration va être une des solutions», résume M. Forest.

En plus de M. Forest, l’actuel président de l’UMQ, Bernard Sévigny, l’ex-mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, l’ex-maire de Chelsea, Jean Perras, de même que le directeur général de l’Association des directeurs généraux des municipalités du Québec, Jean Matte, ont collaboré à la réflexion.