MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault ne croit pas qu’une discussion sur la protection des langues et de la culture des Premières Nations s’inscrive dans le cadre de la démarche constitutionnelle du projet de loi 96.
Lundi, le grand chef de Kanesatake, Serge Otsi Simon, demandait à Québec de tenir compte de la réalité autochtone dans sa démarche en vue d’enchâsser dans la constitution le concept de nation québécoise et le fait français sur le territoire québécois. Le chef Simon disait y voir «une deuxième colonisation des peuples autochtones» et invitait avec insistance le gouvernement caquiste à ouvrir le dialogue avec les Premières Nations pour discuter de leur participation dans cette démarche afin de protéger leurs langues et leur culture.
Interrogé à cet effet, mardi, le premier ministre a admis ne pas connaître «le détail de l’application de la loi 96», ajoutant cependant que «ce que j’ai compris, c’est qu’ils sont exclus, les peuples autochtones. Donc il ne devrait pas y avoir d’impact pour eux.»
La cheffe libérale, Dominique Anglade, a pour sa part rappelé que «la notion de nation québécoise, c’est déjà une notion qui est établie, qui a été reconnue par la Chambre des communes. La langue française comme langue commune ç’a été établi aussi.» Mme Anglade a toutefois indiqué qu’il fallait faire preuve d’ouverture et entendre les points de vue des Autochtones avant d’aller plus loin.
«Il faut qu’il y ait des échanges et des dialogues et d’ailleurs ça va faire partie des consultations qu’il va y avoir cet été», a-t-elle dit.
La députée solidaire Ruba Ghazal a été plus loin de son côté.
«Ce qui est important, c’est de ne pas ignorer ce que dit le chef Simon et d’autres et de le prendre en considération. Leurs langues, on le sait, n’ont pas été valorisées, elles sont en train d’être perdues», a-t-elle rappelé.
Enfin, du côté de la troisième opposition, le leader parlementaire péquiste Martin Ouellet a lui aussi dit croire que la protection des langues et de la culture autochtones est une réalité incontournable, mais il a abondé dans le même sens que le premier ministre, disant croire que la loi 96 ne lui semblait pas le bon véhicule pour y arriver. M. Ouellet a dit croire qu’il était possible d’avoir cette conversation, mais qu’il faudrait plutôt, selon lui, penser à une loi spécifique visant la protection des langues et de la culture des Premières Nations.