QUÉBEC — Les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau ont salué le courage de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. Elle a révélé mardi que c’était elle la victime de l’agression sexuelle commise par l’ancien député péquiste Harold LeBel en 2017.
«Je trouve ça courageux de la part de Catherine d’avoir été jusqu’au bout du processus», a commenté le premier ministre du Québec, M. Legault, en mêlée de presse au Parlement.
«Je pense que c’est un modèle. Évidemment, ce n’est jamais facile pour une femme, une personne, d’aller suivre tout le processus des tribunaux.»
Pour sa part, M. Trudeau a suggéré que le courage de Mme Fournier allait en inspirer d’autres.
«Son histoire nous rappelle qu’on doit poursuivre nos efforts pour éliminer la violence faite aux femmes et rendre ce pays plus sûr pour tout le monde», a écrit le premier ministre du Canada sur Twitter.
Harold LeBel a été reconnu coupable d’agression sexuelle en novembre dernier et condamné à huit mois de prison. Il a obtenu, le mois dernier, une permission de sortie préparatoire à la libération conditionnelle qui a été fixée à dimanche dernier, le 16 avril.
Mme Fournier avait elle-même demandé la levée de l’ordonnance de la cour interdisant de dévoiler son identité.
La mairesse de Longueuil a dit vouloir ainsi pouvoir discuter publiquement et ouvertement de son expérience dans le système de justice en participant à un documentaire.
Mme Fournier a siégé dans les banquettes du Parti québécois (PQ) à l’Assemblée nationale à compter de 2016 à titre de députée de Marie-Victorin et c’est par la suite qu’elle a été agressée par son collègue.
Elle a choisi de devenir députée indépendante à compter de 2019 et a porté plainte à l’été 2020, tandis que LeBel a été arrêté en décembre 2020, puis exclu du caucus péquiste.
En conférence de presse mardi après-midi, Mme Fournier a expliqué pourquoi elle avait choisi de ne pas en parler aux autorités du PQ à l’époque: elle craignait que cela nuise à sa carrière.
«J’ai parlé à personne, en autorité, au Parti québécois. Pour moi, c’est important de le dire. Je n’ai rien à reprocher au Parti québécois dans cette histoire-là.»
Le chef péquiste réagit
Paul St-Pierre Plamondon, qui a été élu chef du PQ par la suite, en octobre 2020, a justifié sa décision de ne pas contacter la victime à l’époque.
«Se posait la question: si je contacte la victime, est-ce qu’il y a des choses qu’on peut se dire dans le cadre de cet appel-là qui a le potentiel de nuire à sa démarche et de nuire au processus judiciaire? a-t-il soulevé dans une mêlée de presse au Parlement. Donc, c’est ça, l’enjeu.»
Il a laissé entendre que plusieurs personnes dans le parti «semblaient vouloir rendre justice elles-mêmes» et qu’il ne disposait pas du portrait complet de ce qui s’était produit à l’époque.
«Je ne disposais d’aucun fait fiable, aucun témoignage fiable, du ouï-dire, des choses contradictoires.»
Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a aussi souligné l’importance de respecter le processus judiciaire, mais il ne faut pas pour autant «isoler davantage» la victime.
La députée Manon Massé, de Québec solidaire, y voit un signal clair pour les femmes.
«Le geste qu’elle a posé, c’est important pour les femmes, particulièrement les jeunes, a-t-elle dit en mêlée de presse. Chaque fois qu’une femme se tient debout, c’est bon pour toutes les femmes.»
La députée caquiste Shirley Dorismond, qui a succédé à Mme Fournier à titre d’élue dans Marie-Victorin — la circonscription qui recoupe la Ville de Longueuil — a transmis un message d’encouragement aux victimes.
«Si une victime a besoin de s’exprimer et dire ce qu’elle a vécu, c’est sa décision», a-t-elle déclaré dans une mêlée de presse dans les corridors du Parlement.
Elle convient que le geste de Mme Fournier peut inciter d’autres personnes à dénoncer leur agresseur.
«Il faut prendre une étape à la fois, et dénoncer si elles ont envie de le faire, mais il faut surtout les accompagner.»