GRANBY, Qc — Des intervenants du milieu culturel local, des citoyens et la société d’histoire régionale ont multiplié les sorties publiques depuis l’annonce de la Ville de Granby de mettre aux enchères une murale de St-Patrick signée Alfred Pellan. La mobilisation n’a cependant eu aucun effet sur la position du maire Pascal Bonin.
Lors de la réunion mensuelle du conseil municipal, lundi soir, plusieurs questions ont été adressées au maire au sujet du sort réservé à la mosaïque datant de 1958. L’œuvre d’art ornant la façade du 142, rue Dufferin devait à l’origine être retirée dans le but d’être mise en valeur dans un autre lieu public en raison de la démolition de l’immeuble. Le conseil municipal a toutefois changé d’avis après avoir reçu un rapport d’expertise évaluant l’opération de retrait et de restauration à quelque 160 000 $.
C’est la présence d’amiante dans les murs de cette ancienne école primaire accueillant la communauté irlandaise de Granby qui expliquerait le coût élevé de la démarche. Dans le camp de ceux qui se portent à la défense de l’œuvre, décrite comme un objet patrimonial, c’est l’absence de consultation du public qui fâche.
«Nous proposons que, dans un premier temps, la murale d’Alfred Pellan soit retirée de la façade de l’édifice de la MRC et qu’elle soit entreposée en lieu sûr. Dans un deuxième temps, la Ville devrait mettre sur pied un comité regroupant des élu(e)s et des citoyen(ne)s qui détermineront ensemble la meilleure façon d’assurer la préservation de ce bien patrimonial», a suggéré le président du conseil d’administration de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska (SHHY), Maxime Gilbert, dans une question écrite transmise au conseil en raison de la procédure imposée en temps de pandémie.
Dans sa missive au conseil, M. Gilbert a souligné que «la précipitation serait bien mauvaise conseillère» et il a rappelé aux élus que la communauté regrette encore aujourd’hui la destruction d’autres éléments de valeur patrimoniale dans le passé.
La semaine dernière, un autre groupe s’est manifesté, soit le comité «Ma ville, mon patrimoine» qui réunit des artisans du milieu culturel local. Ils ont interpellé les citoyens par l’entremise des réseaux sociaux en leur demandant d’écrire des courriels aux élus. Ils ont même préparé un modèle de lettre à personnaliser.
«Sauver des édifices, des œuvres d’art et des sculptures, ce n’est pas juste pour les autres ailleurs au Québec. Nous pouvons ensemble demander à notre conseil municipal de revenir sur cette décision», peut-on lire dans la publication sur Facebook du comité.
Face à cette réaction citoyenne, le maire de Granby, Pascal Bonin, a réagi en début de réunion du conseil avec l’intention de clore le débat. «Il y a des gens qui nous demandent d’enlever l’oeuvre et d’attendre ensuite voir ce qu’on va en faire. Ça fait partie intégrante de la problématique. C’est-à-dire qu’on ne peut pas enlever l’oeuvre à cause de l’amiante qui se trouve derrière dans l’édifice. Ce n’est pas possible de retirer l’oeuvre aussi simplement. Si ça avait été le cas, ça fait longtemps qu’on l’aurait fait», a-t-il répondu en insistant sur la qualité du rapport remis aux élus.
«On peut se faire reprocher de ne pas avoir consulté, mais au final, c’est un dossier qui a été bien monté au conseil. Il n’y a rien de nouveau à part la divergence d’opinions», a-t-il poursuivi, en rejetant les attaques selon lesquelles Granby ne se soucie pas de son patrimoine. Le maire a rappelé qu’un projet de dix millions de dollars vient d’être réalisé pour préserver l’église Notre-Dame, la plus vieille église catholique de la municipalité.
À la suite de la réponse du maire Bonin, le comité «Ma ville, mon patrimoine» a réagi sur sa page Facebook en reprochant au conseil municipal de faire «la sourde oreille aux citoyens». Les membres déplorent un manque d’ouverture aux «arguments valables» apportés par les citoyens.