Harcèlement: 3 millions $ pour une aide juridique pour les travailleurs culturels

MONTRÉAL — Québec allonge 3 millions $ pour financer la mission de l’Aparté. Ce faisant, le service juridique chapeauté par Juripop pourra, pour les trois prochaines années, poursuivre son œuvre auprès des travailleurs du milieu culturel victimes de différentes formes de harcèlement, mais aussi entreprendre des représentations devant le Tribunal administratif du Travail (TAT) pour aider ceux-ci à obtenir justice.

L’annonce a été faite mardi matin par le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe. Il s’agit selon lui de la suite logique des modifications apportées l’an dernier à la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d’art et de la scène, qui avait déjà reconnu le droit à un milieu de travail exempt de harcèlement psychologique pour les travailleurs du secteur culturel.

Les 3 millions $ octroyés sur trois ans permettront l’ajout d’un service d’accompagnement complet et gratuit aux artistes n’étant pas protégés par une convention collective, et ce, jusqu’au TAT. 

Auparavant, l’Aparté, grâce à une dizaine d’avocats, fournissait un service d’écoute et de conseils juridiques en plus d’aider les victimes à porter plainte à la police, mais ne pouvait pas représenter les plaignants devant les tribunaux. La perspective de poursuivre elles-mêmes leur agresseur devant un tribunal civil était aussi écartée par plusieurs victimes en raison des délais et des coûts élevés d’une telle démarche.

Le ministre Lacombe a d’ailleurs souligné qu’un grand nombre de travailleurs du milieu culturel sont souvent à statut précaire et à faible revenu, ce qui les rend plus vulnérables dans une relation souvent inégale avec leur harceleur, qui occupe une position davantage privilégiée.

«C’était vraiment pour nous un non-sens que certains artistes soient bien protégés tandis que d’autres, et je dirais la plupart, ne l’étaient pas du tout», a relevé l’élu.

«C’est un pas de géant aujourd’hui pour le milieu culturel. Lors de nos sondages d’évaluation du programme auprès des personnes requérantes que nous avons accompagnées, l’un des commentaires  revenant souvent était le fait qu’ils auraient aimé avoir accès à un service de représentation», a renchéri la directrice générale de Juripop, Me Sophie Gagnon.

Grâce à cet argent frais, les organismes et associations du milieu culturel pourront également obtenir un service-conseil auprès de l’Aparté pour pouvoir mieux prévenir et intervenir dans des situations de harcèlement, une demande qui émanait du secteur.

Depuis 2018, plus de 400 professionnels du milieu culturel ont fait appel à l’Aparté pour être accompagnés à la suite d’un ou plusieurs épisodes de harcèlement psychologique ou sexuel. Le téléphone n’a jamais cessé de dérougir, a ajouté l’avocate.

«Le plus important pour une victime d’inconduite, c’est d’être entendue et d’être crue», a souligné la nouvelle présidente de l’Union des artistes (UDA), Tania Kontoyanni, qui a salué la rapidité de réponse du gouvernement dans la foulée du tsunami #metoo il y a quelques années et qui se poursuit avec l’annonce de mardi.

Également présent au point de presse,  le directeur général de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), Laurent Dubois, a indiqué qu’une écrivaine sur trois est victime d’un comportement inadéquat au cours de sa carrière et que la littérature est le deuxième cercle du milieu culturel en termes du nombre de dossiers ouverts par l’Aparté.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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