Hausse de 144 % des nouveaux cas dans les prisons depuis la deuxième vague

OTTAWA — L’«ombudsman des détenus» recommande au gouvernement fédéral de permettre à certains prisonniers de purger leur peine dans la collectivité plutôt qu’en prison, où la COVID-19 pose des risques particuliers.

Dans un nouveau rapport, publié mardi, l’enquêteur correctionnel, Ivan Zinger, plaide que le nombre de cas de COVID-19 dans les établissements fédéraux a plus que doublé au cours de la deuxième vague de la pandémie. 

Selon lui, le nombre de nouveaux cas est passé à 880 dans 13 prisons entre début novembre et le 1er février; lors de la première vague, l’an dernier, on recensait 361 cas dans six établissements, dont 163 au Centre fédéral de formation de Laval.

M. Zinger souligne aussi qu’environ 70 % des cas de la deuxième vague se sont produits dans deux des établissements des Prairies — Stony Mountain, au Manitoba (370 cas) et Prince Albert, en Saskatchewan (247). Or, presque la moitié de ces cas sont des détenus d’origine autochtone, précise l’enquêteur correctionnel. Ces prisons sont les deux plus grandes du pays et parmi les plus anciennes; or, on connaît les liens entre la propagation du coronavirus et les espaces de vie partagés ainsi que la mauvaise ventilation.

L’enquêteur correctionnel demande donc au gouvernement fédéral d’octroyer la libération anticipée et prioritaire aux détenus âgés et ayant des problèmes médicaux, lorsqu’ils ne représentent pas bien sûr de «risque excessif» pour la société. 

Il recommande aussi de «transférer dans une très grande mesure» l’accès aux programmes de réinsertion sociale dans la collectivité plutôt qu’en prison. Il recommande par ailleurs d’envisager la fermeture des pénitenciers vieillissants et coûteux. 

«Au-delà des répercussions de la COVID-19, une approche communautaire plus rigoureuse, humaine et rentable en matière de services correctionnels se fait attendre depuis longtemps», conclut M. Zinger.

Côté statistiques, M. Zinger note par ailleurs que les six établissements qui avaient connu une éclosion lors de la première vague n’ont pas signalé de réinfections depuis. C’est le cas, au Québec, des établissements de Port-Cartier, de Joliette et de Laval. Par contre, l’Établissement Drummond, qui avait été épargné lors de la première vague, a recensé 18 cas lors de la deuxième.

L’enquêteur correctionnel souligne d’autre part qu’aucun des quatre pénitenciers de la région de l’Atlantique n’a été touché par la COVID-19 depuis le début de la pandémie. 

Le Service correctionnel du Canada affirme avoir vacciné environ 600 détenus âgés et plus vulnérables; on prévoit de commencer ce printemps à vacciner le reste des 12 500 détenus au Canada.