Hausser le financement fédéral des aqueducs ne réglerait pas tous les problèmes

OTTAWA — Le gouvernement fédéral devrait limiter ses dépenses pour les services d’aqueducs et d’égouts des villes canadiennes pour le bien de chaque communauté, estime un nouveau rapport d’un groupe recherche bipartite.

Le document présenté mardi par la Commission de l’écofiscalité du Canada (CEC) fait valoir que les frais déboursés par les propriétaires pour que l’eau parvienne jusqu’à eux avant de s’écouler dans leurs égouts ne couvrent pas le plein coût de ce service. Cela entraîne des écarts dans le financement de ces systèmes, que les plus hauts niveaux du gouvernement tentent de combler depuis des années.

Tant que les frais ne couvriront pas les coûts, cet écart continuera d’exister, calcule la CEC.

«Même si la plupart d’entre nous avons accès à une bonne eau, ce n’est pas le cas pour certains d’entre nous», a illustré le président de la commission, Chris Ragan. «Si les déficits d’infrastructure sont là, il est toujours possible que nous nous retrouvions face à un problème demain.»

Selon l’étude de la commission, les besoins de financement des milliers de systèmes municipaux d’aqueducs et d’égouts surpassent largement le nouveau financement des gouvernements fédéral et provinciaux pour ces infrastructures — et représente un déficit d’infrastructures évalué à 142 milliards $. Au début de 2015, poursuit le document, pas moins de 1838 communautés canadiennes étaient sujettes à des avis sur la qualité de l’eau potable, souvent en raison de problèmes d’infrastructures.

9,2 milliards $ pour des «infrastructures vertes»

Les libéraux projettent d’allonger quelque 9,2 milliards $ pour des «infrastructures vertes» au cours des 11 prochaines années. Un montant additionnel de 5 milliards $ sera versé par l’entremise de la nouvelle Banque de l’infrastructure du Canada, dans l’espoir que des investisseurs du secteur privé viennent doubler ou tripler la mise. Ceux-ci pourraient être intéressés par l’idée de pouvoir faire payer les citoyens pour leur consommation d’eau et d’obtenir un rendement sur leur investissement.

Environ 90 pour cent de toutes les habitations au Canada ont accès à un service municipal d’approvisionnement et de traitement de l’eau, tandis que les autres 10 pour cent utilisent un puits ou une fosse septique. Un minuscule pourcentage des communautés doivent faire livrer leur eau.

Les coûts des propriétaires ont progressivement diminué par rapport à ceux nécessaires à l’exploitation et l’expansion de tels systèmes pour s’ajuster aux prévisions de croissance, souligne le rapport.

La consommation d’eau est plus élevée lorsqu’elle est relativement peu chère, et elle impose une plus grande charge sur les infrastructures des communautés, a souligné M. Ragan, professeur d’économie de l’Université McGill. Selon lui, les plus hauts niveaux de gouvernement pourraient aider les petites communautés où les contribuables ne sont pas assez nombreux pour couvrir les coûts, ou aider les villes à mettre en place des systèmes de redevances pour s’assurer que les ménages à plus faibles revenus ne soient pas submergés par la hausse des coûts.

Parmi les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada se classe quatrième au chapitre de la consommation d’eau par habitant. La consommation des Canadiens a cependant diminué d’environ 35 pour cent, passant de 343 litres par jour en 1999 à 223 litres par jour en 2013, selon Statistique Canada.