FREDERICTON — Le premier ministre du Nouveau-Brunswick admet, avec le recul, que son gouvernement aurait dû maintenir certaines restrictions sanitaires jusqu’à la longue fin de semaine de la fête du Travail, plutôt que de lever ces mesures à la fin juillet.
Dans une entrevue de fin d’année accordée à La Presse Canadienne, Blaine Higgs explique que cette décision était basée sur les informations dont il disposait à l’époque. «Nous pensions que nous étions sortis du bois: nous avions des taux de vaccination de 70 %», a déclaré M. Higgs.
Mais Colin Furness, professeur à l’Institut de gestion et d’évaluation des programmes de santé à l’Université de Toronto, estime que le premier ministre Higgs a été mal informé — ou alors il fait de la politique.
«Quand les politiciens essaient de se présenter comme des porteurs de bonnes nouvelles, on a des problèmes», déclarait samedi en entrevue le professeur Furness. «Le Nouveau-Brunswick se débrouillait très bien lorsqu’il s’alignait sur le reste des provinces de l’Atlantique. Toute la région s’en sortait très bien.»
Les quatre premiers ministres de la région avaient créé la «bulle de l’Atlantique», qui permettait de voyager sans restrictions dans toute la région. «Puis, en été, le premier ministre Higgs sort du rang et décide soudainement que le masque n’était plus obligatoire (au Nouveau-Brunswick). Je pense que c’est là que les choses ont vraiment commencé à mal tourner», croit M. Furness.
La vaccination au Nouveau-Brunswick a soudainement ralenti et la barre des 75 % d’adultes pleinement vaccinés n’a été péniblement atteinte qu’à la fin du mois d’août. Le professeur Furness estime que le premier ministre Higgs doit en assumer la responsabilité. «Il était irresponsable de conclure que c’en était fini, d’autant plus que des variants étaient déjà en coulisses.»
Le nombre de cas a alors commencé à augmenter au Nouveau-Brunswick et le gouvernement a réimposé l’état d’urgence le 24 septembre, alors que les hôpitaux luttaient pour suivre le rythme d’une augmentation des infections.
M. Higgs soutient que le gouvernement apprenait à mesure que la situation évoluait. «Nous pensions que pendant l’été, les gens pouvaient avoir un peu de répit, et ils l’ont eu en août et septembre, mais (la situation a commencé à se détériorer) après les rassemblements de la fin de semaine de la fête du Travail», a expliqué M. Higgs.
«Depuis, notre nombre de cas a été relativement élevé, mais nos hospitalisations sont restées stables. Nous n’avons jamais dépassé nos capacités dans les hôpitaux», a-t-il assuré.
Mais quelles que soient les décisions passées, c’est maintenant le variant Omicron qui donne le ton, indique le premier ministre. Le Nouveau-Brunswick a fermé certaines écoles plus tôt pour les vacances des Fêtes, imposé des restrictions sur les activités sportives pour les jeunes et ramené le port du masque et la distanciation dans les entreprises et les événements en salle, sans toutefois aller jusqu’à un reconfinement.
Les premiers ministres des provinces et territoires ont tenu une conférence téléphonique avec le premier ministre fédéral la semaine dernière et selon M. Higgs, personne n’a souhaité de confinement pendant les vacances des Fêtes.
«Nous avons été extrêmement critiqués pour avoir ‘annulé’ l’Action de grâces et nous n’estimions pas que la population accepterait un confinement à Noël», a déclaré M. Higgs.
Le professeur Furness estime qu’il est un peu lâche de la part des premiers ministres d’éviter de reconfiner maintenant — une décision qui se traduira en janvier par un nombre élevé de cas, selon lui. «Nous nous dirigeons vers un mur parce que les politiciens ont refusé de se tenir debout.»