MONTRÉAL — Hydro-Québec se dirige vers une deuxième année record consécutive.
La société d’État a présenté un bénéfice net jamais vu au premier semestre de 2022 de 2,742 milliards $,soit 749 millions $ de plus que pour la même période de 2021, une augmentation de près de 38 %.
«C’est le plus haut bénéfice pour les activités poursuivies au niveau historique», a reconnu le vice-président et chef de la direction financière d’Hydro, Jean-Hugues Lafleur, en présentant ces résultats à la presse, vendredi.
«L’année passée on avait obtenu 3,6 milliards $ de bénéfices, ce qui était quand même une année record. On a établi le plan d’affaires à 3,4 milliards $ (pour 2022) et je pourrais dire avec assez de certitude qu’on risque d’avoir une année record cette année», a-t-il ajouté. Sa prédiction n’est certainement pas téméraire puisqu’après seulement six mois, on est à 81 % de l’objectif pour toute l’année et à 77 % du record de 3,546 milliards $ atteint en 2021.
Un dérécho coûteux
La météo est en partie responsable de cet excellent résultat, notamment le froid inhabituel de l’hiver dernier, mais elle a aussi eu sa part d’effets négatifs avec le dérécho, cette tempête de vent qui a touché plus d’un demi-million d’abonnés, particulièrement dans les Laurentides et Lanaudière.
Ce dérécho, «c’est l’événement météorologique qui a nécessité le plus de travaux sur le terrain depuis la crise du verglas de 1998», a confié le dirigeant.
«Plus de 2000 employés ont été mobilisés pendant 11 jours. Au total, plus de 1100 poteaux et 400 transformateurs ont été remplacés.»
Ces travaux ont coûté environ 70 millions $ à Hydro-Québec, qui a inscrit une perte de 55 millions $ aux livres à titre de charges d’exploitation.
Un froid aux conséquences multiples
En contrepartie, Hydro a certainement bénéficié de l’hiver inhabituellement froid. Pour le seul mois de janvier, la moyenne a été de -14 degrés Celsius, soit 7 degrés de moins que la moyenne de janvier 2021, ce qui a fait entrer 323 millions $ de revenus additionnels dans ses coffres.
Par contre, le froid a aussi eu des conséquences négatives, obligeant Hydro à acheter elle-même pour quelque 227 millions $ d’électricité sur les marchés pour répondre à la demande des Québécois. Aussi, cette forte demande interne durant l’hiver a amené un manque à gagner de 57 millions $ du côté des exportations, la société d’État étant appelée à réduire les exportations afin de répondre à la demande intérieure.
Cependant, le bilan en matière d’exportations est tout de même extrêmement positif, malgré la baisse du volume des ventes. Hydro-Québec a notamment bénéficié d’une forte augmentation, de 56,5 %, du prix de l’électricité sur les marchés d’exportation, celui-ci passant de 4,6 cents/kWh à 7,2 cents/kWh, permettant d’engranger 440 millions $ de plus que l’an dernier à pareille date. Au final, en comptabilisant le manque à gagner de 57 millions $ mentionné plus haut, l’augmentation nettedes revenus d’exportation hors Québec a été de 383 millions $.
Une demande interne croissante
Ici même au Québec, ce n’est pas seulement le froid qui a engraissé les coffres de la société d’État. Ainsi,une augmentation générale de la demande des clients des secteurs résidentiel, commercial et institutionnel indépendante du froid a généré une augmentation de 188 millions $ d’entrées de fonds.
La forte hausse du cours de l’aluminium, auquel est lié le tarif versé par les alumineries, a permis d’augmenter de 120 millions $ les entrées de ce côté et les augmentations de tarifs imposées en avril 2021 et 2022 ont amené des revenus additionnels de 107 millions $.
L’obligation éolienne
Des poussées de vent ont fait augmenter la production d’électricité des parcs éoliens qui sont sous contrat avec la société d’État, contrats qui obligent celle-ci à acheter cette production. Hydro-Québec s’est ainsi trouvée à débourser 53 millions $ de plus que l’année précédente.
Additionné aux achats requis pour combler la demande ainsi qu’à l’entrée en vigueur de nouveaux contrats d’achat et à une hausse des coûts de transport reliés à l’exportation,les achats d’électricité ont ainsi augmenté de 365 millions $ au total durant les six premiers mois de l’année comparativement à la même période l’an dernier.
Jean-Hugues Lafleur s’est également réjoui du fait que la météo a permis de maintenir les niveaux des barrages élevés, le Québec n’ayant pas vécu de sécheresse comme en témoigne le nombre restreint d’incendies de forêt. Il n’avait pas encore les données à ce sujet, mais «l’hydraulicité est quand même bonne cette année», a-t-il confié.
«Présentement, on a suffisamment d’énergie et on n’est pas à risque lorsqu’on vend sur les marchés et on en profite, a-t-il ajouté. Compte tenu du peu d’incendies de forêt qu’il y a dans le Nord du Québec, c’est très positif pour nous.
«Dans un contexte où les prix à l’exportation sont très, très, très élevés, c’est une bonne nouvelle pour Hydro-Québec», a-t-il conclu.